Après la fin, Isabelle Minière

De fait, Isabelle Minière reste associée dans mon esprit à mon blog d’avant. (aujourd’hui squatté par un Bernard l’Hermite qui répond au nom d’Andrew)
Pour moi, Isabelle Minière, c’est à jamais La Première marche.
Probablement parce que c’est le premier texte que j’ai lu d’elle. Plus certainement parce que j’en garde, près de 15 ans plus tard, un souvenir très fort, que la lecture de Maison buissonnière plus tard n’est pas parvenu à surpasser.

Aussi, quand j’ai vu Après la fin, petit opus, mis en avant dans la librairie où je l’ai trouvé, je n’ai pas résisté, d’autant qu’une lecture transversale de la 4e de couverture m’avait appris que le sujet central en était la mort. (call me creepy !)
Le point de départ de cette histoire, on se l’est tous imaginé, un jour ou l’autre : et si, une fois mort, on devenait invisible aux autres et qu’il nous soit ainsi possible de voir comment les autres se comportent, de savoir ce qu’ils pensaient réellement de nous…
En tout cas, c’est ce qui arrive au narrateur de Après la fin qui, déjà mourant, est foudroyé alors qu’il surprend sa femme, Clara, et son meilleur ami, Rémi, en train de copuler joyeusement sur son divan.
Ce narrateur, dont on ne connaîtra pas le prénom, qui de son vivant n’imaginait pas qu’il puisse y avoir quoi que ce soit "après", se retrouve donc à vivre sa nouvelle vie de mort, à assister à ses funérailles et à sa crémation, à être le témoin invisible de l’évolution de la relation entre Clara et Rémi.

Si j’ai retrouvé dans Après la fin toute la sensibilité qui m’avait touché dans les précédents textes d’Isabelle Minière, j’ai été surpris par son ton léger, loin de ce que je connaissais. Je ne serais pas étonné en revanche que ce postulat de départ puisse inspirer un Fabcaro.
Seulement, ici, pas d’humour du désespoir, pas une once d’absurde, mais de la délicatesse, de l’empathie ; ce qui n’empêche en rien les saillies corrosives. Par l’entremise de son narrateur, Isabelle Minière nous laisse entrevoir ce qu’il pourrait bien y avoir Après la fin et engage une réflexion malicieuse sur la mort, les rapports que l'on entretient avec la mort, sur le jeu des conventions, les rites, les relations humaines…

Si Après la fin se lit avec jubilation, le sourire aux lèvres, je ne pense pas qu'il me laisse une impression aussi intense que La Première marche…. « jusqu’à preuve du contraire et dans l'état actuel de [mes] connaissances ».

Une chose est certaine, il m'a redonné envie de lire Isabelle Minière... ce que j'ai déjà fait depuis !

Après la fin - Extraits

Isabelle Minière - Après la fin (Le Verger, Coll Sentinelles, 2020)