« On a abandonné l’idée que la littérature pouvait être intéressante » - Sabri Louatah

Capture d’écran de Liberation.fr

Natalie Levisalles : Quand on vous dit que votre roman est très cinématographique, ça vous énerve ?

Sabri Louatah : C’est triste, ça veut dire qu’on a abandonné l’idée que la littérature pouvait être intéressante. On ouvre un livre, on s’attend à s’ennuyer, et si on ne s’ennuie pas, on dit c’est du cinéma ? La force du cinéma et de la série télé, c’est d’être ancrés dans le contemporain. Si Balzac avait du succès en son temps, c’est parce qu’il écrivait des séries télé en livres. Je faisais le malin en disant que ce qui m’intéresse, c’est la fiction, pas la littérature. La littérature est l’art le plus fort, je le sais, mais c’est aussi le plus difficile. Je sacrifie souvent de la profondeur, si je sens que ça ralentit l’action. Je crois au flot de la vie. Encore une fois, Tolstoï n’a pas forcément des cliffhangers à la fin de ses chapitres, et pourtant on continue de tourner les pages, parce que le suspense, il le trouve dans la vie même. Ça, c’est mon rêve, j’en suis encore loin.

Sabri Louatah : « La fiction, c’est l’art de faire triompher la vie », 
par Natalie Levisalles (Libération 22 janvier 2016)

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