Récap février 2016


Garth Risk Hallberg - City on Fire (Knopf-2015)
J’ai fini par jeter l’éponge.
Ma lecture se tirait en longueur et le plaisir n’était pas au rendez-vous. J’ai cru que passer de la VO à la VF réglerait le problème et redonnerait un coup de fouet à mon envie, mais cela n’a rien changé : impossible de m’intéresser aux personnages, je restais indifférent à ce qui pouvait leur arriver. Absent de ma lecture, j’ai préféré arrêter les dégâts (à 78 % du livre, m’indique la liseuse) et consacrer mon temps à des lectures plus enthousiasmantes.
Extraits


Olivier Bourdeaut - En attendant Bojangles (Finitude-2016)
Pour dissoudre l’état de gloubiboulga mental dans lequel m’avait plongé City on Fire, j’avais besoin d’une lecture facile et légère. Mon choix s’est rapidement porté sur ce court premier roman, dont la presse et les blogs ont vanté les louanges à l’unisson (jusqu’à l’overdose).
« Comment font les autres enfants pour vivre sans mes parents ? » se demande l’enfant narrateur en regardant ses parents danser sur Mr. Bojangles, de Nina Simone. Des parents fous d’amour mais surtout une mère fantasque et imprévisible, dont les extravagances instillent de la fantaisie dans le quotidien. L’enfant s’émerveille de cet esprit fantasque qui fait de chaque moment un événement, une fête.
Je comprends que tous ces lecteurs aient été conquis par la fantaisie et la poésie qui se dégagent de cette histoire d’amour intemporelle, aux allures de conte moderne. Personnellement, de cette plongée progressive dans la folie, j’ai surtout ressenti un malaise face au naufrage de la mère, à l’impuissance et à la détresse du père. Plutôt que la fraîcheur mise en avant dans tous les articles, c’est la mélancolie et la souffrance que je retiendrai.
Si l’auteur évoque sommairement la douleur du père, rien ou presque n’est dit de la douleur de l’enfant qui semble s’accommoder des événements comme ils viennent. Jamais il ne se plaint de l’absence de cette mère qui le considère comme un autre objet de la maisonnée (ni plus ni moins que la grue domestiquée qui fait office d’animal de compagnie) mais surtout jamais il ne souffre d’être exclu (jusqu’au dénouement final) de cet amour exclusif qui unit son père à sa mère et que jamais sa mère ne lui témoignera pareillement.
Sans pour autant bouder mon plaisir, le parti pris de l’auteur de placer son récit hors de tout réalisme m’a frustré. J’aurais aimé que les personnages, et notamment celui du fils, soient plus fouillés et que l’envers du décor, la réalité de cette folie de moins en moins douce, soient plus largement traités. Ce sont d’ailleurs les pages extraites du journal intime du père qui ont eu ma préférence.


Patrick Modiano - Dora Bruder (Folio-1999)
« PARIS. ON RECHERCHE une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1 m. 55, visage ovale, yeux gris marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport marron. Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder, 41, boulevard Ornano, Paris »
En 1988, dans une vieille édition de Paris Soir, le narrateur (Modiano) tombe sur cette annonce et n’aura de cesse de reconstituer la vie de la jeune juive fugueuse, via des recherches dans les documents officiels de l’Occupation.
Premier Modiano… et une lecture mitigée. J’ai cherché cette fameuse « musique » Modiano sans vraiment la trouver. Peut-être le rapprochement constant avec Les disparus, de Daniel Mendelsohn a-t-il brouillé ma lecture…


Michael Graves - Dirty one (Chelsea Station Editions-2011)
Lecture très déroutante que celle-ci. Des nouvelles que je pensais destinées à un jeune public (la couverture m’aura sans doute leurré) mais qui en fait sont très noires et parfois très crues, sur de jeunes pré-ados gays des années 80, plus ou moins désœuvrés (familles dysfonctionnelles, drogue, sexe…) dans leur ville de banlieue.
Pas inintéressant, mais je suis resté sur ma faim. Depuis, Graves a publié un roman, Parade, que j’ai l’intention de lire histoire d’affûter mon jugement sur l’auteur.
“Being a child is frightening! The world is brutal, harsh. Assimilating to this reality while trying to fashion your identity is a rough business. I guess I love polarity in life. Beautiful objects can be vile and disgusting. And vice versa” Michael Graves: Literary Pop Hit, by Tom Cardamone (Lambda Literary, October 18, 2011)


Eleanor Catton - The Luminaries (Granta Books-2013)
Histoire de rester encore un peu dans l’ambiance de notre séjour néo-zélandais, je me suis plongé dans The Luminaries, qui a pour cadre Hokitika au temps des chercheurs d’or et que nous avait conseillé le guide. La foule de personnages m’a un peu déconcerté au départ (une liste des personnages et des lieux figure d’ailleurs en ouverture du roman) mais un passage éclair à la VF m’a conforté dans ma compréhension et mon enthousiasme (124 pages sur 769 à ce jour).

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