Retour à Reims. Une théorie du sujet, Didier Eribon


Quand j’ai eu terminé Y revenir, de Dominique Ané, je me suis souvenu que trainait dans ma PAL depuis pas mal de temps, un autre livre au sujet similaire : Retour à Reims, de Didier Eribon. Ne sachant pas trop ce qui m’avait retenu jusque-là de le lire, j’ai décidé de le sortir de son purgatoire palesque.

Et là, quel choc !!!!
Déjà, il ne s’agit pas d’une seule évocation autobiographique comme je m’y attendais. Si Eribon part de son expérience personnelle, son livre tient plus de l’essai sociologique, voire politique, théorisant sur le déterminisme social et la supposée égalité des chances, ou comment la domination de classe sociale s’exprime tant dans l’éducation que dans la politique et influe sur des parcours de vie que l’on pouvait penser sciemment choisis.
Ensuite, j’ai trouvé ce livre extrêmement dérangeant en cela que mon parcours a pas mal de points communs avec celui de l’auteur (même génération, homosexuels tous les deux,  j’ai passé mes 24 premières années à Reims dans un milieu social à peine plus privilégié que le sien ; premier des petits-enfants à faire des études supérieures, je suis « monté à Paris », profitant de l’occasion pour couper les ponts définitivement avec tout ce qui n’était pas mon cercle familial restreint) et que de nombreuses situations décrites et réflexions exprimées ont fait douloureusement écho en moi.

À la croisée d’Annie Ernaux (désir d’ascension sociale) et d’Édouard Louis (rejet de son milieu, homosexualité), Didier Eribon dresse un portrait sans concession, parfois même sévère, sur lui-même, sa famille et son milieu social dans un essai passionnant qui tient à la fois du témoignage autobiographique (touchant) et de la réflexion sociologique (tout à fait accessible aux néophytes comme moi).

Extraits

« J'ai été très touchée par ce livre très beau et très pudique qui restitue le parcours personnel d'un individu qui a trouvé sa voie d'une manière personnelle, en découvrant la philosophie à l'adolescence, en acceptant son homosexualité, en reniant ses origines sociales. » Cathe 
Didier Eribon - Retour à Reims ; Une théorie du sujet (Fayard, 2009)

Commentaires

  1. Mais ce livre était pour toi, la surprise n'en est que plus belle. (et Reims, c'est comment, quand on est gamin puis ado?)

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    1. Plus que surprenant, c'est assez troublant...
      Reims, ce n'était jamais rien qu'une ville bourgeoise de province, dont le centre-ville se limitait à quelques rues piétonnes où étaient centralisées les boutiques. Pas moyen d'aller y faire un tour le week-end sans tomber sur quelqu’un que tu connaissais.
      Culturellement parlant, il ne s'y passait pas grand-chose hors quelques événements à la Maison de la Culture. Pour les spectacles, musées, expos, il fallait aller à Paris... si tu en avais les moyens. Depuis, les choses ont bien évolué de ce côté-là et tant mieux.

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  2. J'ai vérifié, il est à la bibli...

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    1. Toi qui aime bien les essais, même si tu n'as pas vécu à Reims, celui-ci peut te parler.

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  3. L'extrait sur l'accent et les idiomatismes régionaux me parle, j'ai vécu plus de trente ans dans la Marne avant d'arriver en Rhône-Alpes, et j'ai eu à modifier ma façon de parler petit à petit... Ce livre semble très ben écrit, et me plairait sans doute davantage que celui d'Edouard Louis, dont l'aspect "règlement de compte" m'avait gênée...

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    1. J'ignorais que tu avais été marnaise !!!! Tu y es même restée plus longtemps que moi.
      Cet accent, je n'y avais jamais porté attention avant de partir de la région. Et c'est vrai que j'y suis plus sensible aujourd'hui quand j'y retourne. Cuné y a fait un petit clin d'oeil en commentaire d'un de ses récents posts FB
      J'en garde certainement des traces, mais je n'ai rien fait pour le "corriger". C'est venu naturellement, par mimétisme. D'autant qu'entre temps, j'ai assimilé quelques expressions picardes "pur jus" de ma bellee-famille !!! Je te laisse imaginer le résultat :-D
      Ici, à la différence d'Edouard Louis et même d'Annie Ernaux, la part biographique est presque anecdotique. Elle ne sert que de point de départ à des réflexions sociologiques et politiques plus vastes. Ne serait-ce que pour ces réflexions sur le pré-déterminisme de classe, ce livre est passionnant.

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    2. Je n'ai pas non plus gommé volontairement cet "accent" assez proche du parler lorrain, mais je me souviens que dans les premiers temps à Lyon, on me demandait d'où je venais... J'ai encore un livre d'Annier Ernaux dans ma PAL, et je m'intéresserai plus tard à ce livre.

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    3. L'allusion à la perte de l'accent était une référence à Eribon qui avoue avoir travaillé pour perdre cet accent qui le mettait en porte-à-faux dans les milieux supérieurs et intellectuels dans lesquels il évoluait.
      J'ai, moi aussi, plusieurs romans d'Annie Ernaux dans ma PAL. Suite à ma lecture de "Les Années", je m'étais précipité sur d'autres titres. Mais j'ai lu entretemps "Regarde les lumières mon amour", qui m'a fortement déplu. Du coup, les autres romans patientent toujours das ma PAL...

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  4. Je crois reconnaître cheZ toi un blogueur qui avait disparu de la Toile il y a quelques années et dont j'avais regrette le départ !!!
    J'ai entendu parler de ce livre sur France Q très récemment , tu le rappelles à ma mémoire (Et tu en parles tres bien)

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    1. Comme quoi, il y a toujours quelque chose de bon à glaner sur France Q.... ;-)
      Je n'avais pas conscience de m'être tant dévoilé auparavant qu'on puisse m'identifier par un simple post ! Perspicace Galéa, si tu as eu la curiosité d'aller jeter un œil sur la page A propos, tu sais désormais que ton intuition était la bonne et que tu ne t'es pas trompée... J'en suis à la fois surpris et profondément touché.

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    2. Je me suis surtout ridiculisée quand on m'a dit "bah si c'est ICB, il le dit dans sa présentation "(quz je n'arrivais pas à lire du téléphone)
      Non pas de dévoilement, tinquiete, c'était juste un ton Et le type de nos échanges sur la page FB , je crois néanmoins qu'on se connaît mieux quon le pense Entre blogueurs , c'est de l'ordre de l'impalpable, du ton ... une couleur finalement.
      Heureuse de t'avoir vu reprendre le chemin public de la toile

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    3. Tssss, ridiculisée, tu parles ! Au moins grâce à toi, je sais désormais que la page de présentation n'est pas facilement accessible depuis le téléphone (je n'ai pas pu vérifier avant, je n'ai pas de smartphone). Du coup, je vais voir à réorganiser la présentation de la page d'accueil...
      Et ce que tu dis (très joliment) des échanges entre blogueurs est très vrai.
      "But I see your true colors
      Shining through
      I see your true colors
      And that's why I love you
      So don't be afraid to let them show
      Your true colors
      True colors are beautiful
      Like a rainbow"

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  5. Coucou me revoilou. Après es années à savoir que ce livre m'intéresserait, j'ai saisi la parution de Vie, vieillesse et mort d'une femme du peuple pour emprunter les deux et démarrer par Retour à Reims (mon côté psychorigide), que je suis en train de lire. Avec enthousiasme et assez chavirée. Ce type c'est un peu mon jumeau, par certains côtés, mais absolument pas par d'autres. Par exemple j'habite en face d 'une maison louée par mon grand père et à 200 mètres de celles de mes parents. Pas de fuite, pas de honte du milieu ou de l'accent. Même si certains m'ont toisée de haut, pffft.
    OK, le frère d'Eribon ne désirait pas faire des études, mais il aurait pu, avec des bourses? (je suis bien placée pour savoir que ça aidait bien les familles)
    Quand même, quelle famille!!!
    Bon, je vais y retourner.

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    1. Il me reste encore à lire Vie, vieillesse et mort d'une femme du peuple… que je sortirai de ma bibliothèque Calibre dès que j'aurais une nouvelle liseuse. Au-delà de la ville de naissance, il y a de nombreuses similitudes entre le parcours d'Eribon et le mien, (même si je n'ai pas eu une destinée aussi brillante que la sienne) ce qui fait que je suis d'autant plus curieux de voir si je retrouverai autant de mon vécu familial dans ce portrait politique de sa mère.

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    2. Un jour je lirai celui sur sa mère, mais déjà Retour à Reims ça remuait bien les souvenirs. Oui, mon presque jumeau, il a fait les IPES, moi aussi! Cela aidait bien (bis) Evidemment j'ai eu un parcours plus simple ensuite. ^_^

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