Constellation, Adrien Bosc


À sa publication, le roman d’Adrien Bosc a été porté par une vague de commentaires élogieux, tant dans la presse que sur les blogs. Puis, au fil du temps (et plus encore quand il a été couronné du Grand Prix du Roman de l’Académie Française 2014 !), des voix contraires se sont faites entendre, de plus en plus nombreuses. Beaucoup sont passés de Constellation à la consternation...
En douze ans de blog, j’ai pu remarquer que ce genre de volte-face soudaine n’est pas rare. Dans ces cas-là, si mon envie première a été de lire le livre, je laisse décanter. Je fais en sorte d’oublier toutes les critiques que j’ai pu en lire (allant parfois jusqu’à ne plus savoir de quoi il parle au moment où je le reprends !).

C’est ce que j’ai fait pour Constellation... et je ne le regrette pas car j’ai beaucoup aimé suivre, même brièvement, ces personnes emportées dans un destin commun, en ces temps pas si lointains où prendre l’avion était encore un luxe et charriait un parfum d’aventure.
De ces 48 passagers du vol Paris-New York d’Air France et de leur avion Constellation qui est allé s’encastrer le 27 octobre 1949 sur le flanc du Mont Redondo aux Açores, je ne connaissais que Marcel Cerdan. J’ai ainsi découvert, entre autres, la violoniste Ginette Neveu, Kay Kamen, cadre de la compagnie Disney, mais aussi ces cinq bergers basques partis tenter leur chance aux États-Unis (les amateurs de Walt Longmire, de Craig Johnson, seront déjà ce qu'ils comptaient y faire).

À partir d’un gros travail de documentation, Bosc redonne vie à tous ces disparus, la plupart inconnus, dont la fin tragique a été éclipsée par le retentissement de la mort de Cerdan.
Aucun travail de fiction dans ce roman, comme dans Agatha, par exemple, mais j’ai lu cette histoire presque d’une traite, avec le même plaisir que j’aurais pris à regarder à la télé un bon documentaire sur le sujet, scotché par les aléas du destin et le jeu du hasard qui ont mis ces personnes en présence (et en ont écarté d’autres) pour les réunir à jamais dans cette tragédie moderne (à l’instar des passagers du Titanic). 

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« [...] avec les yeux d'Adrien Bosc sur cette succession d'événements, le tout prend une dimension littéraire brillante » Miss Alfie

« Même si j’ai parfois eu du mal avec la syntaxe (des phrases avec beaucoup de virgules là où il aurait mieux valu deux phrases ou une conjonction de coordination) [...] j’ai beaucoup aimé le travail opéré autour de la recherche documentaire, qui est très bien rendu à travers un style remarquable et un vocabulaire enlevé. » Natiora

« Adrien Bosc nous parle avec sensibilité de ces disparus, mais plus largement de ces rênes que l'on ne tient pas, de ce hasard, bon ou cruel, questionne les superstitions, souligne les coïncidences/prédictions troublantes, et acte notre vulnérabilité » Séverine

« [...]  je pense que c'est un des titres [...] qui me restera le plus longtemps en mémoire en raison de la façon assez originale de l'auteur de traiter le sujet » Sylire 
Adrien Bosc - Constellation (Stock, 2014)

Commentaires

  1. Oh mais s'il n'y a pas de fiction, c'est pour moi, ça! Oui, les basques, on en retrouve chez Craig Johnson.
    Moi aussi j'aime lire avec du retard, ayant oublié les avis, le contenu. Comme j'aime les récits de voyages des années 30, je ne suis pas à la pointe de la nouveauté.
    Sinon, pour revenir à ton commentaire chez moi, sache que le beau ténébreux mystérieux propriétaire dont l'héroïne tombe amoureuse, du nanan pour midinette, mais non mais non, c'est Jane Eyre de charlotte Brontë. Je ne t'oblige pas à le lire (mais tu pourrais aimer, tiens)

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    1. Quand je dis qu'il n'y a pas de fiction, ce n'est pas tout à fait exact car il ne s'agit ni d'un essai, ni d'un travail journalistique. La part de fiction se situe dans les hasards du destin que l'auteur se plait à voir en action dans cette tragédie. Nonobstant, ça devrait te plaire.
      Pour ce qui est du commentaire laissé chez toi, je pense qu'il est désormais inutile que je précise que je n'ai aucune culture classique. Shame on me !

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  2. Face à ce nonobstant, que dire? Je te pardonne ^_^

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  3. J'approuve et partage ta manière de laisser décanter qui réserve parfois de bonnes surprises. Je devrais pouvoir trouver Constellation à la bibliothèque... à voir !

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    1. Vu le succès que le roman a rencontré (il a même été Prix de l'Académie Goncourt), je serais étonné que ta bibliothèque ne l'ait pas fait rentrer. Il se peut en revanche qu'il soit souvent emprunté...

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  4. J'avais eu du mal à entrer dedans mais j'avais fini par aimer la deuxième moitié et le style très beau.

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    1. J'ai été très bon public et ai pris place à bord sans me faire prier.

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  5. Ah oui, j'avais repéré ce livre aussi à sa sortie, quand tout le monde en parlait, et ce qui m'avait frappée, c'est qu'un tel sujet enthousiasme autant les lecteurs. Intrigant tout de même. Je m'étais dit, un jour, un jour (comme pour beaucoup de livres) mais pour l'instant, je n'ai pas sauté le pas... Tu me donnes envie là, tiens !

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    1. Les faits divers fascinent le public. La plupart du temps, ils pourraient faire une base solide pour une oeuvre de fiction. Souvent même, ils dépassent la fiction.
      Dans le cas présent, la disparition soudaine de Cerdan, champion national, au plus fort de sa passion "interdite" avec Piaf, autre star nationale de l'époque, a marqué les esprits et a apporté une dimension mythique à la tragédie.
      Bosc nous rappelle que 47 autres passagers, illustres inconnus mais aussi personnages d'importance, ont vécu la même tragédie, résultat conjugué du hasard, de concours de circonstances et de fatalité.

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  6. C'est le genre d'intrigue qui me terrorise! Un crash d'avion, comme une voiture qui tombe à l'eau (je ne me suis pas remise de la noyade de "Reflets en eau trouble" de Joyce Carol Oates), et je frémis d'angoisse. Pourtant, je ne peux qu'être intrigué malgré moi. "Constellations" risque de me passer entre mains...

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    1. Le crash d'avion a cela de terrorisant qu'on ne peut pas y faire grand-chose quand il se produit (gilets de sauvetage, masques à oxygène et autres toboggans gonflables sont souvent inutiles), qu'il ne laisse pas souvent de survivants et que le nombre de morts simultanées est impressionnant. Heureusement, j'ai fini d'y penser systématiquement quand j'embarque :-)

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  7. Oui, l'effet pervers des blogs ou quand trop d'engouement tue le plaisir. Pour cette raison, je crois (même si ce n'est pas calculé), je fréquente de moins en moins les blogs qui chroniquent presque exclusivement des sorties récentes. Je suis lassée de voir toujours parler des mêmes livres.

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    1. J'aime bien me tenir au courant des nouveautés et parfois les blogs sont de bonne piqûres de rappel. Ce qui me gène plus, ce sont les vagues de billets programmés pour la sortie d'une nouveauté reçue en SP. Là, c'est vrai, que j'ai tendance à saturer et à ne pas lire de quoi il retourne.

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  8. Merci pour la citation et le lien. Et bien effectivement, ce livre me reste en mémoire et j'y pense même avec émotion. C'est sans nul doute un livre qui m'a marquée. Je le conseille !

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    1. Et en plus, il se se lit agréablement et rapidement, que demande le peuple ? ;-)

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