Idaho, Emily Ruskovich



Après My Absolute Darling, en mars, Gallmeister a encore fait parler de lui en ce mois de mai, avec Idaho.
Sans en savoir grand-chose, sinon qu’il s’agissait d’une histoire (tragique) de couple, je me suis fié aux retours enthousiastes (notamment des membres du Picabo River Book Club) pour me plonger dans ce roman. La surprise a donc été totale.

De couple, il est effectivement question dans ce premier roman d’Emily Ruskovich.
De celui qu’Ann forme avec Wade, de l’amour qui les unit en dépit des premiers signes de la démence précoce qui frappe Wade, comme son père et son grand-père avant lui. Mais aussi de l’amour qui unissait Wade à Jenny, sa première femme, et à ses filles, June et May. Une première vie qui a viré au drame en un éclair, un bel après-midi d'été.
Tourmentée par un sentiment viscéral de culpabilité, légitime ou non, Ann n’a de cesse de vouloir connaître jusqu’au moindre détail les circonstances de cette tragédie. D’autant que le temps presse : bientôt il sera trop tard, cette journée d’août 1995 aura définitivement disparu de la mémoire de Wade.
   
Dans un va-et-vient habilement désordonné entre présent et passé, de 1973 à 2025, les indices vont s’accumuler, à partir desquels le lecteur va se forger sa vérité. Mais est-ce pour autant LA vérité ?
Qu’on ne s’y trompe pas, Idaho n’est pas un thriller (à moins qu'on le considère comme un thriller psychologique). C’est un récit douloureux où se mêlent les souvenirs, dernières scories d’une existence qui subsistent en mémoire, l’oubli, l’absence, le manque, le pardon et la culpabilité... mais c’est aussi un merveilleux roman d’amour et d’amitié (je pense à celle qui rapproche Jenny et Elizabeth), d’une lumineuse humanité.

Extraits

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« Lancinant et totalement impossible à lâcher, se réclamant de l’influence d’Alice Munro, ce roman est un ovni exceptionnel, qu’on quitte à regret et qui laisse de nombreuses questions inachevées. » Cuné

« Un tel livre ne se raconte pas, il se vit. Il se ressent. Car il est constitué de vibrations qui sont autant de pulsions de vie. Et les mots d'Emily Ruskovich servent également à montrer que tout ne s'exprime pas avec des mots. » Nicole

Emily Ruskovich - Idaho (Gallmeister, 2018)
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Simon Baril

Commentaires

  1. Cela fait plusieurs avis très alléchants que je lis à son sujet, notamment celui de Cuné qui avait retenu mon attention... je le rajoute sur ma Liste de souhaits, à côté de My absolute Darling !

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    1. Même s'ils sont tous les deux publiés chez Gallmeister, les deux romans sont très différents. L'impact de My Absolute Darling est plus immédiat, plus direct. C'est émotionnellement très éprouvant. Tandis qu'Idaho prend son temps pour s'imposer. Et comme le dit ce matin Leila Slimani dans Le Monde des Livres : "Le cœur de l’intrigue ne se situe donc pas dans la narration elle-même, mais plutôt dans la façon dont la romancière explore l’insondable mystère de la mémoire. Les chapitres épousent la forme kaléidoscopique de notre psyché."
      Tu te prépares deux beaux moments de lecture :-D

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  2. Déjà pour le titre, je n'ai pas envie de le lire. Pas certaine que le sujet m'intéresse non plus.

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    1. Ah, aurais-tu un passif avec l'Idaho ou des Idahoans? Pour ce qui est du sujet, c'est autre chose encore... Pas la peine de te forcer.

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    2. C'est la réputation de l'État. Ma sœur était étudiante dans le coin dans les années 90. C'est l'image que j'en garde. (http://boisestatepublicradio.org/term/legacy-hate#stream/0)

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    3. Ah oui, effectivement, c'est pas bien reluisant ! Aucune allusion à une quelconque tension raciale dans ce roman, juste une histoire de famille tragique... Mais bon, si ça ne t'emballe pas plus que ça, tu auras largement de quoi trouver ton bonheur ailleurs qu'en Idaho :-)

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  3. Je l'ai terminé hier. Je vois que tu es beaucoup plus enthousiaste que moi!

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    1. Et pourtant, je suis bien moins enthousiaste que Cuné ! ;-) Je vais guetter la publication de ton billet pour découvrir ce qui t'a déplu/gêné.

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  4. Il me tente depuis un moment déjà, j’ai hâte de m’y plonger !

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  5. Pour ces livres, c'est 'je tente si je le vois en bibli', pas plus pas moins. J'ai lu récemment des Gallmeister qui m'ont beaucoup plu (et donc je n'avais jamais entendu parler (pas sur les blogs que je connais en tout cas)

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    1. Alors si ta bibli a du flair, tu ne devrais pas tarder à l'y trouver !

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  6. Je tenterai en bibliothèque... comme je pense que c'est un roman pour lequel il ne faut pas trop en savoir, je laisserai passer un peu de temps d'abord.

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    1. C'est souvent le cas : mieux vaut en savoir le moins possible avant d'entamer sa lecture, histoire de conserver les effets de surprise et de découverte. Et c'est particulièrement vrai pour ce roman qui devrait te plaire, je pense.

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  7. J'ai vraiment hâte de le lire celui-ci... Et encore plus après t'avoir lu !

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    1. Tu me mets la pression ! :-) J'espère qu'il te plaira autant qu'à moi... et à de nombreux lecteurs, si j'en crois les excellents retours que je lis ici et là.

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  8. j'en ai entendu beaucoup de bien, il a donc atterri dans ma pal...maintenant il va falloir trouver le temps de l'en sortir!

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    1. Le purgatoire de la PAL, qui ne connait pas, hein ? Le pire, c'est que ce ne sont pas forcément les romans les moins bons qui y restent croupir le plus longtemps. Comme le disait notre grande philosophe nationale dans les années 70 : "24 par jour, ce n'est pas suffisant; j'aimerais disposer d'un siècle par an, pour tout essayer, tout apprendre et percer tous les mystères..." Je te laisse y méditer :-D

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  9. Je suis en train de le lire avec peine. Pour l'instant je me retrouve complètement dans ce qu'en a dit Marie-Claude. Et pourtant, je continue... je m'accroche, je ne désespère pas d'entrer un jour dans ce roman...

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    1. J'ai vécu ce genre de situation à plusieurs reprises avec des livres qui m'avaient été recommandés par des personnes dont je partage généralement les goûts de lecture et dans lesquels je n'arrivais pas à entrer. Parfois, le déclic s'est fait à un moment donné. Parfois, non, mais j'ai continué en me disant que si je stoppais en cours de route, j'allais rater quelque chose...
      Pour ce qui est d'Idaho, si ton "blocage" se situe sur le plan de la chronologie et du "flou" qui plane sur les événements, je n'aurais qu'un conseil à te donner : laisse-toi aller... si tu ne comprends pas tout, tout de suite, ce n'est pas grave, tu auras l'occasion de t'en faire une idée (pas forcément claire, mais ce n'est pas le but de l'auteur) au fil de ta lecture...
      J'espère que ta lecture ne sera pas qu'une purge et que tu y trouveras néanmoins quelques qualités...

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  10. J'ai plusieurs commentaires en tête (dont celui de Marie-Claude) bien plus mitigés du coup .. je me suis dit que je l'emprunterai tranquillement cet hiver à la bibliothèque.
    Intéressant de voir que tu n'as pas souffert comme Eva de l'absence d'explication à la fin

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    1. Dans le même cas de figure, je choisi la même stratégie : laisser passer du temps, que les choses se décantent lentement, que je me refasse une virginité avant d'attaquer le roman. Au fil de ma lecture, me reviennent à l'esprit certaines remarques que j'avais lues sur les blogs et à ce moment là je confirme... ou pas :-)

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