Tant bien que mal, Arnaud Dudek


Un auteur, dont le nom et les romans reviennent régulièrement sur les blogs (Rester sage, Les fuyants...), chaque fois accompagnés de bienveillance et de sympathie de la part de ses lecteurs.
Son nouveau roman qui vient de sortir, et dont je n’ai lu, cette fois encore, que des éloges... Il m'en faut souvent moins que ça pour que je me précipite en librairie.

Mais ça crée aussi chez moi des attentes exagérées.
Excessivement démesurées sans doute pour être satisfaites.

Je ne vois pas d’autre explication pour ne pas avoir été bouleversé comme la plupart des lecteurs (pour ne pas dire la totalité) qui rangent ce roman parmi les meilleurs du moment.
D’autant que j’ai aimé l’écriture d’Arnaud Dudek. 
Je lui dois le petit peuple de mes cauchemars. Je lui dois une myriade de troubles obsessionnels. Je lui dois mon inaptitude chronique à la décision. Je lui dois des litres de sueur. Je lui dois des idées noires et quelques crises de nerfs. (p. 22) 

Avec le temps, nous ne sommes plus les mêmes. Lorsque nous regardons en arrière, nous nous reconnaissons à moitié, tandis que l'autre moitié nous laisse généralement perplexes. (p.66)

D'autant plus qu'en règle générale, j’aime l’épure et l’ellipse, qu’on m’en dise suffisamment peu pour laisser toute la place à mes émotions, à ma propre interprétation.
Pourtant ici, malgré l'évidente volonté de l’auteur de ne pas trop s'étaler, de ne pas jouer la carte du mélo jusqu'à l'indécence, le texte est trop dans la retenue (et Dieu sait si le pathos n'est pas ma tasse de thé), l’horreur de la situation et le mal-être du narrateur trop assourdis, trop peu matérialisés pour que je les ressente et que le texte parvienne à me remuer. Tout juste, ai-je été ému par instants...

Pour moi, cette première rencontre avec Arnaud Dudek aura donc été un rendez-vous manqué, mais je ne désespère pas rattraper le coup dans le futur.
Et si vous aimez l'auteur, si vous appréciez son style, si vous aviez envie de découvrir ce roman, plutôt que de vous fier à ce que vous venez de lire, allez lire d'autres blogueurs dont je réponds de l'avis éclairé : eux sauront vous donner envie.

*    *    *    *    *    *    *

« Il n'y a rien de plus à dire, c'est un livre qu'il faut découvrir sans crainte et refermer en rassurant l'auteur : oui, il fait tanguer. » Aifelle

« Tout est suggéré et donc bien plus efficace et poignant. On suit, pas à pas, le récit de ce futur père et écrivain et on a le cœur serré.Tout est dense et pudique, parfaitement réussi dans le dosage de l'émotion. » Cathulu

« C’est une histoire triste, son récit en est pudique – presque léger, dans le meilleur de la crème du top sens – et le format parfait. Moins de quatre-vingt dix pages très aérées qui devaient être écrites, et qui sont lues avec une tendresse immense et un respect renouvelé. » Cuné

« Sujet très très délicat, non? Traité sans pathos, avec retenue. C'est principalement au lecteur d'attacher les fils, de comprendre, de déduire. La chronologie ensuite est éclatée, on a le narrateur juste après l'agression, adolescent, adulte, étudiant, mais tout est bien clair. Les conséquences sont finement analysées. » Keisha

« [...] le nouveau roman de Dudek se lit d’un souffle. De format très court (moins de 100 pages), le livre porte pourtant en lui l’épaisseur d’un monde pervers et gâché. Il souffle ce vent des mauvais jours et l’assaille d’une vérité crue. On sent la faille à chaque page, mais aussi de façon duale cette force muette qui impose le respect. » Leiloona


« Arnaud m’a complètement chamboulée, retournée, ébouriffée avec une tendresse folle, une douceur incroyable dans une histoire dramatique, dure, terrible. » Sabine

« Il n'écrit pas une complainte, mais un livre émouvant sur l'enfance volée, la difficulté de se construire avec ses déchirures, ses blessures lorsqu'elles sont aussi profondes que celles dont il parle. Son texte est tellement beau que je pourrais le citer entièrement.  » Yves


Arnaud Dudek - Tant bien que mal (Alma, 2018)

Commentaires

  1. Le dernier mot de ma citation est 'analysées', d'où i l s'ensuit que j'ai gardé une petite distance? (de protection?)

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    1. C'est effectivement une explication possible. Probablement que le texte était trop analytique pour me toucher au plus profond...

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  2. Ah là là... les attentes exagérées, voire démesurées, je connais bien!

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    1. Je m'en méfie toujours, surtout quand une nouveauté est portée au pinacle de partout. Comme j'ai souvent été déçu par le passé, j'attends désormais que les choses se tassent pour les ré-examiner avec un peu de recul.
      Mais dans le cas présent, l'auteur bénéficie d'un capital sympathie qui s'est consolidé au fil des années. Je partais confiant, d'autant que le thème et le style de l'auteur avaient tout pour me plaire. Je dois dire que j'ai été le premier surpris par ce raté...

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  3. Oui, il faudra reprendre rdv ☺ En tout cas merci pour l'article !

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    1. Ce n’est que partie remise. Rendez-vous est d’ores et déjà pris : Les fuyants n’attend plus que moi.
      Je dois avouer que j’ai été très surpris de voir que vous étiez arrivé jusqu’ici (mon audience étant plus que confidentielle) et je vous remercie pour votre message. Il est évident que j’aurais préféré que notre échange se fasse dans un contexte plus propice.

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  4. Je l'avais noté celui-ci ! Je crois bien qu'il pourrait me plaire.

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    1. A priori, il n'y a aucune raison qu'il ne te plaise pas. Si les avis des blogs auxquels tu as l'habitude de te fier sont enthousiastes, tu n'as même pas à hésiter.

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  5. Je tenterais tout de même à l'occasion. Je m'étais laissé prendre par le style des "Fuyants", il n'y a donc pas de raison que celui-ci me laisse de côté... à voir, sans urgence.

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    1. Je suis allé voir et de toute évidence, tu as été emballée par Les Fuyants : "Il n’y a pas un mot de trop, et pourtant c’est sensible et touchant… et ça, j’adore." Ça n'augure que du bon pour ma lecture de "rattrapage".

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  6. Je vais attendre un peu que l'engouement retombe avant de me lancer.

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    1. L'engouement autour de l'auteur n'a rien d'artificiel ou de passager/saisonnier ; c'est un lien solide qui s'est créé au fil du temps entre ses lecteurs et lui. C'est notamment pour cela que je partais confiant. Si le roman te fait envie, attendre ne devrait rien changer à ton appréciation.

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  7. C'est souvent cela lorsqu'on prend un livre dont on a tant parlé en bien, la déception est plus vive, sans doute alors en attend-on trop ? Néanmoins, je persiste et maintiens tout ce que j'en ai dit.

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    1. Franchement, en attaquant ma lecture, j'étais certain d'aimer beaucoup... Il s'en est fallu de peu, j'en suis sûr. C'est pour cela que je ne tourne pas le dos à l'auteur. J'ai encore un de ses plus anciens romans dans ma PAL avec lequel je compte bien rattraper le coup !

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