Brother, David Chariandy
Scarborough, banlieue de Toronto, peuplée en majorité d’immigrants de tous horizons, où règne la solidarité mais aussi un climat de violence, entre racisme, lutte de gangs et exactions policières.
Émigrée de Trinidad depuis des années, Ruth élève seule ses deux fils, Michael et Francis. Pour leur assurer un avenir meilleur que le sien, elle ne ménage pas sa peine, multipliant les boulots d’où elle rentre épuisée tard le soir. Malgré tout, cette mère Courage trouve encore l’énergie de veiller comme une louve sur leur éducation, n’hésitant pas à leur passer un savon au moindre faux pas. Elle met un point d’honneur à ce que ses fils se comportent bien, évitent les mauvaises fréquentations et ne tournent pas délinquants.
Comme beaucoup de jeunes du quartier, Michael et Francis se retrouvent chez Desirea’s, salon de coiffure qui fait aussi office de boîte de nuit en soirée, pour écouter de la musique ou vont se balader (et plus si affinités) sur les bords de la Rouge
Mais, un jour d’été 1991, une fusillade va transformer le quartier à jamais et bouleverser la vie de Michael.
Alternant présent et sauts dans le passé, David Chariandy, à travers les yeux du jeune Michael, plonge le lecteur dans la vie du quartier de Scarborough et le quotidien de cette famille monoparentale.
D’une plume délicate qui se fait poétique par moments, Chariandy transmet l’amour et l’admiration de Michael pour son grand frère. Cet amour qui unit la famille et qui est plus fort que les espoirs déçus, les injustices, la perte, le découragement, le racisme et la violence ambiante.
Un roman très émouvant, d’une grande sensibilité, d’où se dégage une douce mélancolie.
Dans la vidéo ci-dessous, David Chariandy parle beaucoup mieux que moi des grandes thématiques qui irriguent son récit.
Depuis le six septembre, Brother est édité en français chez Zoé, sous le titre 33 Tours.
On pourra s’étonner de voir le titre original passer de « Brother » à « 33 tours » dans sa traduction en français. Tandis que le premier insiste sur la relation privilégiée qui unit le narrateur à son frère, le second évoque la musique et Desirea’s qui tiennent une place centrale dans la vie des deux frères. En cela, j’aurais tendance à préférer le titre original.
Mais il suffit de taper "frère" dans le moteur de recherche de Babelio pour comprendre devant quel dilemme se trouvaient l'éditeur et la traductrice, Christine Raguet : toutes les variations possibles et imaginables ont déjà été utilisées (Frère, Mon frère, Bon frère, Grand frère, Frangin, Frérot...) et souvent plus d’une fois !
David Chariandy - Brother (McClelland & Stewart, 2017)
Oui. Pourquoi n'ont-ils pas laissé Brother tout simplement ? Ils n'hésitent pas à utiliser des titres anglais (ou pseudo-anglais parfois) pour certains romans. En tout cas, ce roman m'intéresse.
RépondreSupprimerC'était une option à laquelle je n'avais pas pensé, en effet. Mais autant, ici on n'hésite plus à reprendre les titres anglo-saxons de nombreux films (voire même parfois traduire un titre en anglais par un autre titre... en anglais !!!), autant le procédé reste marginal pour les titres de romans; les exception sont rares et, à ma connaissance, concernent principalement des romans ayant été adaptés au ciné, justement. L'exception la plus notable qui me vient à l'esprit est "My absolute darling" mais peut-être y en a-t-il de plus nombreuses...
SupprimerIl m'a été offert par une libraire la semaine dernière. Je pourrai donc le découvrir assez vite.
RépondreSupprimerDis donc, elles sont rudement généreuses les libraires par chez toi ! A moins que tu ne leur assures à toi seule un train de vie plus que confortable ;-) ;-)
SupprimerLa rentrée anglo-saxonne est décidément formidable... je ne sais plus où donner de la tête (et qu'est-ce que ça va être samedi à la librairie du Festival America !)
RépondreSupprimerCes endroits sont de lieux de perdition :-D Bon festival !
Supprimer(un petit cocorico au passage : la rentrée francophone est pas mal non plus ;-) )
Un article sur le blog Hop sous la couette, m'a donnée très envie de découvrir cet auteur. Quel plaisir de le voir sur ton blog. Je renote, je surnote, je rerenote...
RépondreSupprimerC'est vraiment une belle histoire, malgré des conditions de vie pas très drôles. Marie-Claude (Hop sous la couette) a publié un post sur FB dans lequel elle dit qu'elle a commencé le roman dans l'avion qui la ramène au Québec, et elle adore !!! Tu vois ce qui te reste à faire ;-)
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