Carnet du Pérou - Sur la route de Cuzco, Fabcaro


Mon idylle d’été avec Fabcaro (suite)

Après le coup de maître de Moins qu’hier (plus que demain), pas question pour moi d’en rester là avec le sieur Fabcaro !
Une chance, suite au carton de ce dernier opus, ses éditeurs et les libraires en profitent pour remettre ses précédents albums sur le devant de la scène. Je n’ai eu que l’embarras du choix. Pas vraiment tenté par Et si l’amour c’était d’aimer ?, ni par Zaï zaï zaï zaï (ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien moi-même), j’ai dégoté un album de 2013 qui tranchait avec tous les autres : Carnet du Pérou.
Adjugé, vendu ! Non seulement j’y voyais l’occasion de revivre à travers un autre regard mon propre périple péruvien, mais en plus j’allais découvrir Fabcaro et son coup de crayon dans un autre registre que l’humour.

Dans les premières pages, je me régale des dessins d’édifices et de monuments à l’encre et à l’aquarelle bleue, dans le plus pur style des carnets de voyage. Cliché, sans doute, mais j’apprécie quand c’est bien fait... même si les impressions générales de Fabcaro sur le pays, ses remarques sur les gens qu’il croise, me semblent convenues. Je m'attendais à un regard plus personnel. Étrange...
Au détour d’un croquis, un détail me choque: les péruviens sont coiffés de... sombreros mexicains ! Mes souvenirs ont beau commencer à dater maintenant, je n’ai pas mémoire d’avoir remarqué des sombreros au Pérou...
Alors que je poursuis ma lecture, le récit est interrompu par l’irruption d’un aparté dont Fabcaro semble coutumier (si je me fie à ma courte expérience de fan) : l’auteur, qui travaille sur ses planches, se fait gentiment charrier par sa fille à propos de ses sombreros pour le moins incongrus.
Et là, PAAAFFFFFFfffffffffff ! Pauvre naïf (l’autoflagellation, d’accord, mais point trop n’en faut quand même !) que je suis ! C’était vraiment ne pas connaître Fabcaro. Je me suis fait avoir comme un bleu !
On est loin, là, des classiques carnets de voyages. Fidèle à sa marque de fabrique, Fabcaro en détourne les codes pour critiquer le tourisme et dézinguer les touristes qui se la jouent ethnologues ; ceux qui, sur place, s’émerveillent d’un rien ; les mêmes qui, de retour chez eux, assomment leurs proches de poncifs sur les indigènes et leur mode de vie.
À la façon de la coccinelle de Gotlib, Fabcaro entrecoupe son périple de considérations pleines d’autodérision sur sa vie de dessinateur.

Dès lors, c’est un festival de blagues (duplication façon roman-photo de la même photo d’un opérateur téléphonique issue d’une banque d’images censé répondre à la demande de l’auteur pour un logiciel transformant les mexicains en péruviens ; dialogue hilarant façon Voutch entre deux aloé véra, qui en ont marre de se faire prendre en photo par les touristes, les mille et une façons d’utiliser un lama...) et de détournements (le Guide du Gerbard qui explique quelles places privilégier en car ou en avion quand on est sujet au mal des transports ; la prestation de Juan Handrije, le Jimi Hendricks local qui joue de la flûte de pan derrière la tête avant d’y mettre le feu...).

   
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Forcément, une question se pose : Fabcaro a-t-il jamais mis les pieds au Pérou ? Certains, comme Jérôme, pensent qu’il a tout pompé sur Wikipédia*. Après tout, qu’importe puisque la supercherie fonctionne à merveille et qu’on passe (encore !) un excellent moment de franche rigolade.
* Après quelques recherches sur le web, il semblerait que Fabcaro ait bien passé 15 jours au Pérou au moins une fois dans sa vie.

*   *   *   *   *   *   *

« J'ai vraiment aimé la personnalité de Fabcaro à travers ce carnet, et ça m'a donné envie de découvrir d'autres de ses œuvres. [...] j'ai fini par apprécier le travail graphique de l'auteur et lui trouver un sacré charme. » A_girl_from_earth

« L’expérience m'a prouvé qu'il ne faut jamais, ô grand jamais, prendre un album de Fabcaro au premier degré » Jérôme

« On laisse facilement l’auteur nous prendre par la main. On appréciera l’humour, les tergiversations diverses et variées à la fois saugrenues, ironiques et éclairantes. Un pied en France, un pied au Pérou et la tête tentant de rassembler ces deux lieux. » Mo

Fabcaro - Carnet du Pérou, Sur la route de Cuzco (Six Pieds Sous Terre, 2013)

Commentaires

  1. Purée, je le veux!
    Et tu devrais VRAIMENT lire zai zai zai.
    (et je t'aime, tu connais la coccinellede Gotlib!!! ^_^)

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    1. Qui a dit que mon idylle estivale avec Fabcaro s'arrêtait là ? ;-)
      (Franchement, tu connais Gotlib, tu connais la coccinelle; ils sont indissociables)

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  2. Bon, je comprends bien l'esprit , et c'est un peu ce que je craignais, ce n'est pas véritablement un carnet de voyage. J'étais aussi attirée par les aquarelles. J'ai lu Zai...., je me suis bien amusée, c'est certain, sans que me reste un souvenir impérissable. Merci pour de billet , tu confirmes pour la " franche rigolade ", je vais voir.

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    1. Je te sens moyennement motivée sur ce coup-là :-D Si tu peux, jettes-y un coup d’œil en bibliothèque, histoire de confirmer ou pas ton impression, mais oublie tout de suite le carnet de voyages "traditionnel" ;-)

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  3. Je ne suis pas sûre d'être le bon public pour l'humour au deuxième ou troisième degré, en BD qui plus est... Je tenterai plutôt avec Zaï Zaï déjà noté...

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    1. Je te comprends. Ce genre d'humour, ça passe ou ça casse...

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  4. Aaah mon premier Fabcaro, je ne le connaissais pas encore plaisantin au point de tromper son monde, j'avais tout pris au premier degré, hahaha !

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    1. Tu vois, même moi en en ayant déjà lus deux autres avant, je suis tombé dans le panneau, tête la première !! :-D

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  5. Je ne connaissais pas celui-là. Il me tente du coup.

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    1. Les rééditions ont du bon pour les retardataires dans mon genre qui ont alors accès à des œuvres parues bien avant qu'ils ne découvrent l'auteur tardivement.

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