Une prière à la mer, Khaled Hosseini & Dan Williams
Si seulement tu avais de Homs le même souvenir que moi, Marwan.
[...]
Mais cette vie, cette époque ont tout d’un rêve aujourd’hui, même à mes propres yeux, comme une rumeur depuis longtemps éteinte.
[...]
J’ai entendu dire que nous étions les indésirables, les importuns.
Que nous devrions emmener nos malheurs ailleurs.
[...]
Mon garçon, je contemple ton profil dans la lueur de cette lune gibbeuse, tes cils que l’on dirait calligraphiés, tes paupières closes dans ton sommeil innocent.
« Donne-moi la main, t’ai-je dit. Tout rira bien. »
Ce ne sont que des mots.
Le tour de passe-passe d’un père.
Cela fend le cœur de ton père, cette foi que tu as en lui.
Parce que ce soir, je n’arrive à penser qu’à une chose : combien la mer est profonde, et vaste, et indifférente.
Et combien je suis impuissant à te protéger d’elle.
[...] tu es une cargaison précieuse, Marwan, le plus précieuse qui ait jamais existé.
[...]
Comme je prie pour que la mer le sache.
Voilà encore un de ces hasards magiques qui surviennent parfois, lors de mes flâneries au gré des rayonnages et des tables des librairies (pas plus tard que mardi, pendant ma pause-dej). Et je m'empresse de le partager avec vous alors même que j'ai accumulé un retard énorme dans les chroniques de mes lectures d'août.
Pour une fois, ce n’est pas la couverture qui m’a tapé dans l’œil, mais le fait que le livre soit relié. Si c’est courant, voire la règle, au rayon Beaux livres, ça l’est beaucoup moins en littérature générale.
Or, je venais tout juste de voir un peu plus loin une réédition au Seuil, également reliée, du Monde selon Garp, d’Irving (avec sa couverture originale, probablement à l’occasion du 40e anniversaire de sa publication aux US). Le monde de l’édition française serait-il en train d’abandonner le broché au profit du relié pour s’aligner sur le modèle hardback / paperback anglo-saxon ?
Je me saisis donc dudit livre mais je manque le reposer aussitôt que j’ai lu le nom de son auteur : Khaled Hosseini, dont j’ai lu Les cerfs-volants de Kaboul sans déplaisir mais sans grand enthousiasme non plus, contrairement à ses nombreux lecteurs.
Mais l'épaisseur du livre, à peine plus qu’une plaquette, aiguise ma curiosité. Je l’ouvre donc, et là : BaaAAAMMMM !
Je découvre les sublimes illustrations de Dan Williams (que je ne connaissais pas jusqu’alors). Du coup, je feuillette le livre plus longuement, lis en diagonale le court texte qui accompagne chaque illustration et je tombe sous le charme des mots d’Hosseini. Ce texte, les mots d’un père syrien à son fils, fuyant son pays en guerre, au moment d’embarquer pour l’Europe, avec tous les risques que cela sous-entend, est humble et poignant.
Les illustrations de Dan Williams exaltent la charge émotionnelle des paroles du père, les gammes de couleurs passant du chatoyant quand il évoque le passé au sombre quand il revit la guerre. Williams traduit aussi superbement la menace que représente la mer pour ces migrants mus par l’espoir d’un ailleurs meilleur.
Sur la dernière page du livre, il est indiqué que cette histoire a été inspirée à Khaled Hosseini par le petit Alan Kurdi, réfugié syrien de 3 ans qui s’est noyé en Méditerranée en septembre 2015 alors que sa famille tentait de rejoindre l’Europe, et dont la photographie a bouleversé (et choqué) le monde entier.
Un superbe petit livre à garder, à lire et relire à tout âge, et à offrir encore et encore (ce que j’ai commencé à faire), avec d’autant plus de plaisir que l’éditeur reverse 1€ de chaque livre vendu à une association de solidarité et de soutien aux migrants.
Khaled Hosseini & Dan Williams - Une prière à la mer (Albin Michel, 2018)
(que ce soit dans le livre ou sur le site de l'éditeur,
il n'est fait aucune mention du nom de la personne qui a traduit ce texte de l'anglais !)
il n'est fait aucune mention du nom de la personne qui a traduit ce texte de l'anglais !)
Très beau et touchant... (mais je ne comprends pas que le traducteur ne soit pas mentionné !)
RépondreSupprimerFranchement, je suis tout autant étonné ; j'ai repassé toutes les pages au crible (et elles ne sont pas nombreuses), je suis allé voir sur le site web d'Albin Michel : rien, nada...
SupprimerJe sais bien que le texte n'est pas volumineux mais tout de même.
Surprenant que le nom du traducteur n'apparaisse pas ! Comme toi, premier mouvement de recul devant le nom de l'auteur ( même retour que toi sur le même roman ), mais ce livre là, je le regarderai.
RépondreSupprimerCe petit bouquin mérite qu'on s'y arrête. Le mariage du texte et des illustrations est vraiment réussi, je trouve.
SupprimerKhaled Hosseini ne peut pas l'avoir écrit en français ? Je dis une grosse bêtise, là ? Oui, je crois que je dis une grosse bêtise, je n'ai vu que des interviews de lui en anglais. J'ai regardé un extrait du livre, j'ai aussi trouvé les illustrations magnifiques. Et pour ma part, j'ai beaucoup aimé les romans de Khaled Hosseini. Je note donc ce livre immédiatement !
RépondreSupprimerJe ne pense pas qu'Hosseini puisse écrire un texte en français, même aussi court que celui-là ;-D
SupprimerEt la version anglaise du livre ne mentionne aucun traducteur non plus. Je pense plutôt qu'il s'agit d'une boulette d'Albin Michel... à moins que le texte n'ait été traduit par le fils ou la nièce d'un employé de la maison ;-)
J'ai reçu "Mrs Dalloway" en version hardback, et moi aussi j'adorerais trouver ces éditions plus souvent. De Kahled Hosseini, je n'ai lu que le début des "Hirondelles de Kaboul", mais contrairement à toi j'en garde un très bon souvenir. Pour celui-ci, je vais chercher en médiathèque.
RépondreSupprimerHosseini est un auteur largement apprécié. Je pense qu'on me l'avait sur-vendu et que j'ai été du coup très déçu.
SupprimerJ'aime aussi les hardbacks; ils se tiennent beaucoup mieux que les brochés... mais sont de fait moins souples à la lecture... et plus lourds au transport :)
Une partie de profits va à la Cimade (où j'ai été bénévole) du coup je vais me le procurer. La traductrice est Valérie Bourgeois ;-)
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour m'avoir donné le nom de la traductrice ! C'est moi qui ai mal regardé dans le livre ou tu as des relations que je n'ai pas ? ;-) A moins que tu ne l'ai déduis du fait que c'est elle qui est la traductrice "attitrée" des romans d'Hosseini...
SupprimerPour ce qui est de l'argent reversé à la Cimade, c'est exactement 1 € par livre vendu. Vu les ventes habituelles des romans de Khaled Hosseini, ça peut faire une jolie somme au final.
Bonjour. Il est possible que ce soit l'auteur lui-même qui est traduit son œuvre car sur sa Wiki page, il est précisé que la français es tune de ses langues d'écriture. A part cela, merci pour ta chronique qui donne envie de se plonger dans ce livre et de l'offrir !
RépondreSupprimeroh les boulettes ! Je reprends tout mon texte (cela m'apprendra à me relire)
SupprimerBonjour. Il est possible que ce soit l'auteur lui-même qui ait traduit son œuvre car sur sa Wiki page, il est précisé que le français est une de ses langues d'écriture. A part cela, merci pour ta chronique qui donne envie de se plonger dans ce livre et de l'offrir !
Finalement, krol avait peut-être raison, en suggérant que l'auteur ait lui-même traduit son texte... A moins qu'Electra tienne son info de source sûre... Bref, on n'en sait pas beaucoup plus ;-)
SupprimerReste que c'est un beau petit livre qu'il est facile d'offrir (la période des fêtes de fin d'année me semble idéale) que j'ai racheté encore ce midi pendant ma pause :-D
J'ai des frissons d’émotion juste ne parcourant les pages que tu proposes. Merci pour la découverte !
RépondreSupprimerC'est un beau petit livre à plein d’égards. Ça pourrait être aussi une bonne idée de commande pour ta bibliothèque ;-D !
SupprimerTu me tentes diablement !
RépondreSupprimerJ'espère que tu aimeras autant que mi, cette courte mais très belle histoire :)
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