Ça aura été vraiment bien

Duke Kahanamoku et sa planche de surf traditionnelle, qu'il appelait sa "papa nui", dans les années 1920


La lumière des phares a dissous notre étreinte. Ses parents étaient rentrés et je me suis retrouvé seul dans le noir. Avec la pluie pour seule compagnie.
Huit ans plus tard, Kristen m’abandonnerait de la même façon. Précipitamment, sans crier gare. Avec l’eau comme seul réconfort.
(pp. 53-54)


 

Après la mort de Kristen, j’ai passé beaucoup de temps seul, dans l’eau.
Mon isolement inquiétait mes proches.
Ils me demandaient comment j’allais et j’avais bien du mal à répondre.
J’ai fini par trouver les mots que je cherchais.
« Cela vient par vagues »

C’est une réponse un peu lapidaire mais juste.
Le vide est constant.
Mais le chagrin du deuil n’a pas de forme propre.

Il va et il vient.
Il demeure imprévisible. Il naît d’une tempête au loin, au plus profond de l’océan, à l’abri des regards, en faisant gronder les flots.
Il surgit canalisé, concentré, se forme, se précipite, chargeant de toute sa force avant d’atteindre le point de rupture.
Il croît jusqu’à ne plus pouvoir tenir sa forme. Il devient instable et s’effondre.
Il finit par se répandre en une surface uniforme et calme.

Et puis l'eau se retire,
Avant que la vague ne se retire à nouveau.
(pp. 337-345)



Lorsque je ne serai plus là, je veux continuer à exister par ton dessin. C'est tout ce que je veux. Promets-moi de raconter notre histoire. Et je lui ai promis que je le ferais. (p. 363-366)

AJ Dungo - In Waves (Casterman, 2019)
Traduction de l'anglais (États-Unis) : Basile Béguerie

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