Parce que les fleurs sont blanches, Gerbrand Bakker



Depuis que leur mère a joué les filles de l’air, les abandonnant à leur père Gerard sans même laisser d’adresse, Klaas et Kees, jumeaux de seize ans, et Gerson, leur frère cadet, se sont recomposé un nouveau foyer. L’absence de cette mère, qui ne brise son silence que deux fois par an, à l’occasion des anniversaires et des fêtes de fin d’année, avec une carte postale impersonnelle envoyée d’Italie, est encore difficilement vécue, malgré les efforts louables de Gerard pour en estomper la souffrance.
Mais l’un dans l’autre, dans ce cercle exclusivement masculin - même leur chien, Daan, est un mâle ! – tous mènent une existence à peu près normale où il fait bon vivre, même si l’ambiance générale n’est pas à l’euphorie.

Le fragile équilibre que les garçons et leur père ont réussi à trouver est rompu un dimanche matin, sur une route de campagne alors que tous se rendent pour déjeuner chez les grands-parents dans la vieille guimbarde couleur morve qui fait la fierté de Gerard. Une seconde d’inattention suffit pour que leur vie bascule.
Si heureusement, tous réchappent de la collision, Gerson est moins chanceux. À sa sortie de plusieurs jours de coma, il comprend que l’accident l’a laissé aveugle.  À partir de maintenant, pour lui, "Noir", variante familiale du colin-maillard à laquelle il aimait jouer avec les jumeaux, n’est plus un jeu, mais sa réalité.
Une réalité difficile à accepter quand on n’a que quatorze ans.

Le retour à la maison est compliqué pour Gerson qui refuse ce coup du sort. Tandis que Gerard, rongé par la culpabilité, essaie tant bien que mal de reprendre pied, les jumeaux, qui ont toujours fait bloc excluant de fait leur petit frère, vont s’efforcer de le soutenir de leur mieux et de réconforter leur petit frère dans cette épreuve.
D'ailleurs, les vacances d’été, prévues de longue date au bord du lac chez les grands-parents, devraient aider à ce que les choses commencent par rentrer dans l’ordre...



Il a suffi d’un roman, Là-haut tout est calme, pour que Gerbrand Bakker vienne grossir les rangs de mes auteurs préférés. Quelques années plus tard, Le détour n’a fait que le rendre plus cher à mon cœur de lecteur. Aussi, dès que j’ai vu Parce que les fleurs sont blanches sur la table des nouveautés, je m’en suis saisi, (vous voyez le caméléon face à la mouche ?) l’ajoutant aux autres livres que j’étais venu chercher, sans même en rien savoir. 

Sans surprise, c’est avec un plaisir renouvelé que j’ai retrouvé la plume délicate de Bakker. Tout ce qui m’a séduit dans ses précédents romans est là : la sobriété avec laquelle il rend compte de la complexité des relations humaines ; la retenue avec laquelle il embarque son lecteur dans un maelström d’émotions intenses ; son art subtil pour dire la douleur, sans mélo ni apitoiement.
De cette histoire poignante et profondément touchante, où il est avant tout question d’humanité, il explore la fratrie (et la gémellité, thème récurrent dans ses romans) et interroge la paternité avec beaucoup de pudeur et de sensibilité.

Incontestablement, Parce que les fleurs sont blanches est un très beau (et bref) roman, même si je l’ai trouvé moins puissant que ces prédécesseurs*.
* Il s’avère qu’il s’agit là du tout premier roman de l’auteur, paru en 1997, bien avant ceux déjà traduits en français. 
Ceci explique aussi peut-être pourquoi il n’a pas été publié chez Gallimard comme les autres, mais chez Grasset.

Parce que les fleurs sont blanches - Extraits

*   *   *   *   *   *   *
« Avec son écriture d'une apparente simplicité, Gerbrand Bakker, comme à son habitude, réussit le petit miracle de révéler l'indicible, les émotions dans toutes leurs nuances. On sort de là, le cœur essoré, la gorge serrée, tout en étant profondément admiratif du tour de force accompli. »   Cathulu

Gerband Bakker - Parce que les fleurs sont blanches (Grasset, 2020)
Perenbomen bloeien wit - Traduction du néerlandais (Pays-Bas): Françoise Antoine

Commentaires

  1. J'ai beaucoup aimé "là-haut tout est calme" mais je n'ai pas relu l'auteur depuis. Je note celui-ci et aussi "le détour". La gemellité a l'air d'être en effet un thème de fond chez lui. J'ai cherché des éléments biographiques mais je n'ai pas vraiment trouvé.

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    1. Bakker semble être un auteur "secret". Je n'ai pas trouvé grand-chose sur lui en dehors de quelques promos pour ses bouquins.

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  2. J'ai beaucoup aimé Là haut tout est calme et Le détour... Je pense que je lirai celui-ci également.

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    1. Tu peux... même si je l'ai trouvée moins forte que les deux autres, c'est un très belle histoire et l'écriture de Bakker est bel et bien là.

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  3. Un auteur dont je n'avais jamais entendu parler. Merci pour la découverte.

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    1. Je ne prends pas beaucoup de risques en pariant que tu vas adorer cet auteur. Là_haut tout est calme est à ce jour mon préféré.

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  4. Auteur secret, peut-être, mais pas tant que ça: il possède un blog qu'il met à jour environ deux fois par mois - évidemment c'est en néerlandais. Et c'est ça qui m'a attiré dans ton billet, je suis toujours à la recherche d'auteurs à lire dans cette langue, même si en général, je ne lis qu'un livre en néerlandais par an.

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    1. j'oubliais: gerbrandbakker.wordpress.com

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    2. Tu as de la chance de pouvoir lire le néerlandais; j'aimerais avoir cette possibilité de lire Bakker dans le texte...
      Néanmoins, je vais m'abonner au flux de son blog. Avec une traduction automatique, j'aurais une idée générale des thématiques qu'il y aborde. Merci d'avoir partagé ton tuyau ici 👏

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  5. J'ai lu Là-haut tout est calme, mais j'avoue ne plus trop m'en souvenir. J'ai relu mon article et j'avais bien aimé, comme quoi, parfois certains livres marquent moins que prévu

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    1. Ou peut-être aussi ne correspondent-ils plus à nos attentes du moment ? Nos goûts et besoins, en matière de lecture entre autres, évoluent au fil du temps. Ceci expliquant (peut-être) cela....

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  6. Tu donnes très envie de découvrir, et ce titre, et l'auteur

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    1. Bakker vaut vraiment Le détour, si j'ose dire. Il vaut encore plus Là-haut tout est calme 😊 En tout cas, c'est un auteur qui mérite d'être plus largement connu. Je suis certain qu'il te plairait.

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