Thornhill, Pam Smy

Tout ce que je voulais, c'était une amie. (p. 526)

 

Aujourd’hui, un album que j’avais repéré chez Brize.

Mi roman, mi récit illustré, qui n’est pas non plus un roman graphique à proprement parler. Pas vraiment gothique, ni tout à fait fantastique.
Deux histoires qui s’imbriquent, deux formes de narration, deux personnages esseulés, deux temporalités qui se superposent.
Au centre, immuable : Thornhill, manoir victorien, comme une passerelle entre les époques (1982 et 2017) et entre deux jeunes filles, Mary et Ella.


1982. Thornhill vit ses derniers jours comme orphelinat. Dans le bâtiment presque vide ne restent plus que quelques encadrants et peu d'enfants.
Parmi eux, Mary. Enfermée dans son mutisme, elle ne quitte quasiment plus sa chambre, où elle passe, seule, ses journées à sculpter des figurines, pour échapper à sa harceleuse et sa bande qui font de ses jours un enfer. Dans son journal intime, son seul exutoire, Mary raconte ses terreurs, ses tentatives de communication avec le rare personnel de l’établissement resté sur place...

2017. Thornhill n’est plus qu’une ruine interdite au public, menaçant à tout moment de s’écrouler.
Dans la maison, en face, viennent d’emménager Ella et son père. Des photos punaisées dans sa chambre, on devine que la mère d’Ella est décédée et que l’adolescente se retrouve souvent seule, son père accaparé par son travail n’est pas souvent à la maison.
Un jour qu’elle est à sa fenêtre, Ella croit apercevoir une silhouette derrière une fenêtre de Thornhill...


S’il m'a manqué un petit quelque chose pour que ma lecture reste inoubliable, je dois reconnaître que ce livre sort de l’ordinaire et que le tissage atypique des fils de sa narration est plaisant.
Mention spéciale à l’objet livre lui-même, pavé dense, noir corbeau, qui vaut son pesant d'hectolitres d’encre de Chine. (où il a été imprimé, on imagine facilement pour quelles raisons) 

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« Le scénario, aux marges du réel, joue la carte du mystère et d’une tension qui va croissant jusqu’au dénouement. Une réussite, tant sur le plan graphique que littéraire. »   Brize

« Une histoire sombre et inquiétante menée de main de maître, avec doutes, rebondissements et autres éléments gothiques. On notera enfin l'extrême beauté de l'objet-livre, cadeau de premier choix pour les âmes ténébreuses de tout âge, mais après 12 ans de préférence. »   Cuné

« Même si le récit n’a rien d’extrêmement novateur ni de fondamentalement original, on se laisse totalement porter par la voix tourmentée d’une héroïne qui décortique à merveille le mécanisme insidieux du harcèlement et son emprise destructrice sur les êtres. Cinq cents pages qui se vivent comme une immersion entre deux mondes qui n’attendaient plus que de se rencontrer. »   Moka

« Un style gothique assumé et modernisé, une atmosphère sombre et inquiétante qui confèrent un attrait certain pour un scénario qui aurait pu autrement paraitre convenu. Entre ce qui est dit, ce que l’on voit, ce qui est tu et ce que l’on devine… le lecteur, ferré, navigue entre les deux époques et reconstitue le puzzle des destins brisés de ces deux jeunes filles. Fascinant ! »   Noukette


Une fois n'est pas coutume, j'ai sous la main une chronique BD à publier un mercredi.
J'en profite donc pour me joindre de façon officieuse à tous celleux qui se retrouvent aujourd'hui chez Noukette.

Pam Smy - Thornhill (Le Rouergue Coll. Épik, 2019)
Traduction de l’anglais (Royaume-Uni) : Julia Kerninon