Je me souviens, Georges Perec




Contrairement à Perec, je ne me suis pas souvenu.
Ou plus exactement, j’ai confondu deux de ses textes. J’ai entamé Je me souviens pensant commencer La Vie mode d’emploi. (Call me stupid)
Je me suis rapidement aperçu de ma méprise, mais plutôt que de refermer le livre pour commencer l’autre, j’ai préféré poursuivre sur mon élan. Après tout, ce dont j’avais envie à ce moment-là, c’était de retrouver Perec. Alors, ce titre-là ou un autre…

Au fil des pages de ce livre, Perec égraine des souvenirs en commençant par « Je me souviens… ». Autant d’évocations et d’anecdotes qui redonnent vie au quotidien de la France des années 1945/60, et plus particulièrement du Paris de ces années-là.
« Ces souvenirs s'échelonnent pour la plupart entre ma 10e et ma 25e année, c'est-à-dire entre 1946 et 1961. Lorsque j'évoque des souvenirs d'avant-guerre, ils se réfèrent pour moi à une époque appartenant au domaine du mythe. »

Aux réminiscences d’événements d’actualité, de films, de chansons, de pièces de théâtre, de spectacles et d’exploits sportifs, de transports en commun, de marques et de slogans publicitaires qui renverront le lecteur à son propre vécu s’entrelacent des souvenirs plus personnels quand Perec évoque sa famille, sa scolarité, ses déambulations solitaires dans la capitale.
Et c’est là tout l’intérêt de cet inventaire d’un monde et d’un temps disparus : faire remonter à la surface de l’esprit du lecteur des images et des sensations enfouies qu’il aurait pu croire à jamais envolées. C’est aussi, à sa manière, un inventaire poétique, une sorte de panorama socio-culturel de la France de l’immédiate après-guerre.

Je me souviens est typiquement le type de texte dans lequel il vaut mieux venir picorer de temps à autre, lire quelques pages puis passer à autre chose, plutôt que de tout lire d’une seule traite ; si la magie de l’évocation et du voyage dans le temps fonctionne toujours, elle peut s’émousser sur une certaine lassitude que crée la répétition.
Évidemment, plus le lecteur sera familier avec cette époque, plus le charme agira. Mais au-delà d’un public de cette génération, les jeunes curieux (qui ne datent pas la création du monde à l’année de leur naissance) y trouveront de quoi sourire et même enrichir leur culture générale, l’air de ne pas y toucher.
Mieux encore, jeunes et moins jeunes pourront s'adonner à leur tour au jeu du « Je me souviens… ».

Je me souviens - Extraits
Georges Perec - Je me souviens (Hachette, 1988) [1978]

Commentaires

  1. J'ai lu quelques extraits (billet précédent) et même moi qui ne suis pas si jeune ^_^ j'ai eu du mal à avoir les mêmes souvenirs. En revanche, Rouaud et sa description de l'encrier en salle de classe, là j'y étais à fond.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On n'a pas forcément les "mêmes" souvenirs. Perso, je n'ai pas connu l'époque des aiguilles de gramophone en bambou (ni des gramophones tout court, d'ailleurs), mais ça me renvoie quand même à mon propre vécu, à mon premier "tourne-disques", à ma première chaîne stéréo, etc.
      Rouaud ne me parlerait pas plus car si effectivement, en primaire, des encriers en verre étaient encore insérés dans le plateau des tables de classe, ils étaient vides et ne servaient pas. C'était la grande époque de la révolution "Bic".

      Supprimer
  2. J'ai lu et aimé "Les choses" de Perec, il faudrait que je tente celui-ci!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ici, il ne s'agit pas d'un roman, comme l'est Les Choses, mais tu devrais y retrouver ce qui t'as plu chez l'auteur.

      Supprimer
  3. Je crois que je n'ai jamais lu que des extraits de Perec... L'impression que c'est plein de bonnes idées, mais pas à lire au long cours... très oulipien, quoi ! Mais je me trompe sans doute !
    Les extraits me parlent, même s'ils sont très parisiens, et très datés.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est tout à fait ça : il est préférable de venir y picorer, lire deux-trois pages, laisser divaguer son esprit et laisser remonter ses propres souvenirs qui font écho aux anecdotes de Perec, puis y revenir le lendemain.
      Nos générations (même si tu es plus jeune que moi) seront plus sensibles aux références, car même si on n'a pas vécu nous-mêmes les événements décrits, on en a au moins entendu parler par nos parents et nos grands-parents.

      Supprimer
  4. Je vais bientôt commencer W ou le souvenir d'enfance que je ne connais que par "extraits". Et puis j'ai toujours voulu lire La Vie mode d'emploi et Tentative d'épuisement d'un lieu parisien.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il me reste aussi pas mal de textes de Perec à découvrir, dont ceux que tu cites... et d'autres encore que j'ai accumulés mais pas encore lus.

      Supprimer
  5. Je me souviens... que c'est un beau souvenir de lecture ! Et La disparition également.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La Disparitionm' intéresse aussi mais d'un point de vue purement stylistique. Comme je n'en attends pas grand-chose au niveau de l'intrigue (à tort, peut-être), je ne l'ai toujours pas lu malgré mon réel intérêt.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Si le post auquel vous réagissez a été publié il y a plus de 15 jours, votre commentaire n'apparaîtra pas immédiatement (les commentaires aux anciens posts sont modérés pour éviter les spams).