#monaventlitteraire2020 - Jour 12

 

 

Jour 12 : le livre le plus dépaysant

Elle n’est pas des plus évidentes, cette thématique du jour, pour un lecteur rétif aux littératures de l’imaginaire comme moi. Un soupçon d’anticipation, une larmichette de merveilleux, c’est bien tout ce à quoi je suis capable de consentir.
Et puis, je ne suis pas non plus un grand lecteur d’épopées romanesques ou de récits de voyages, dans des contrées lointaines ou pas.

Mes voyages littéraires sont le plus souvent intérieurs.
Et dans ce contexte, à moins de se spécialiser dans les récits de serial killers psychopathes ou de génies fantasques, pour le dépaysement, il faudra repasser.
J’ai bien lu, cette année encore, quelques (auto)biographies, romancées ou non. Mais même si leurs personnages étaient remarquables et exceptionnels, rien qui ne soit "pittoresque".

Alors sans doute le récit le plus dépaysant de mon année 2020 restera cette nuit passée au Musée Picasso en compagnie d’Enki Bilal. Une nuit lors de laquelle il convoque l’esprit du génie, s'entretient avec lui et voit s’animer quelques-unes de ses œuvres.
Un voyage onirique, (un peu trop) bref, agrémenté de quelques esquisses de Bilal.

*    *   *   *   *   *   *


Nu avec Picasso - Extraits
 
[…] c’est toujours dégradant un moignon, n’est-ce pas, sauf si on n’en a rien à faire de cette addiction selfisatrice qui nous fait oublier l’espace, le vrai, pas celui qui nous exclut, mais celui qui nous ouvre vers l’ailleurs. (p. 11)
 
L’actualité et l’Histoire qui travaillent les artistes et les secouent… Il faut mêler les événements, chercher leur sens dans la profondeur du temps. Une violence historique du dehors aurait provoqué une violence hystérique du dedans ? Picasso en est-il conscient ? (p. 35)
 
Le dehors, pour chaque artiste, étant son époque, son environnement, familial, social, culturel, politique, géopolitique, l’air qu’il respire aussi et surtout…
À l’opposé, en opposition même, il y a le dedans. Là, nous entrons dans le domaine insaisissable, glissant, fuyant, de la création. Le dedans de l’artiste digère le dehors, le façonne et le recrache.
(pp. 50-51)
 
« Nos dedans ne seraient rien sans nos dehors. » (p. 52)
 
[…] le bruit des stukas en piqué me réveille. C’est un son que j’ai déjà vu, oui je dis bien « vu », un de ces sons qui collent à une image et qui ne pourrait coller à aucune autre. Un son en noir et blanc, avec des ailes recourbées qui passent mal dans les conduits auditifs.
Un cauchemar.
(p. 58)
 
Je le sens en proie au doute, ce moment terrible où l’artiste est mû dans une direction sans encore avoir rompu avec son environnement, avec le fameux dehors. (p. 61)
 
Je lui dis que moi aussi, comme Soulages, je suis acrylique. Séchage rapide, signe de l’accélération des époques et du temps, manque de patience d ma part aussi – pour Soulages je ne sais pas… (p. 77)
 
Peut-être qu’aujourd’hui il ferait partie de ceux qui, là aussi, cécité oblige, ne voient pas le monde régresser ? (p. 78)

Commentaires

  1. J'ai toujours adoré les dessins de Bilal...

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    1. Moi aussi, mais je les aime encore plus depuis la trilogie Nikopol. En revanche, j'ai parfois un peu de mal avec ses scénarios.

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