#monaventlitteraire2020 - Jour 21
Jour 21 : le plus beau titre
The fire next time
La prochaine fois, le feu
Un titre tiré du spiritual Afro-Américain, "Mary Don't You Weep":
God gave Noah the rainbow sign
No more water, the fire next time
Mais surtout une œuvre autobiographique en deux lettres ouvertes d’une humanité bouleversante, dans lesquelles James Baldwin se montre une fois encore brillant orateur et se fait l’avocat de l’apaisement et du rapprochement.
Un message politique vibrant et plein d'espoir appelant au dialogue (contrairement à ce que le titre, justement, pourrait laisser croire) dont l’écho résonne tristement, près de cinquante ans plus tard, au regard des récents événements et du mouvement #blacklivesmatter aux États-Unis.
La première lettre, My Dungeon Shook: Letter to my Nephew on the One Hundredth Anniversary of the Emancipation, est adressée à son jeune neveu.
Comme Ta-Nehisi Coates le fera des années plus tard pour son fils dans Une colère noire, Baldwin encourage son neveu de 14 ans à ne pas se laisser enfermer dans la détestation de soi et le dénigrement, à ne pas croire ce que le Blanc l’incite à accepter comme vérité pour mieux saper sa confiance en soi.
Ce conditionnement n'est rien d'autre pour le Blanc qu'un moyen de s’assurer de la servilité de l’homme Noir, de consolider l’ascendant qu’il a sur lui et, par conséquent, de renforcer sa supériorité et protéger ses seuls intérêts.
Dans la seconde, Down at the Cross: Letter from a Region of My Mind, Baldwin évoque son enfance et son adolescence à Harlem pour dénoncer l’oppression méthodique des Noirs par les institutions blanches (école, églises, police) et la place qui leur est laissée dans la société.
Il évoque à cette occasion les motifs qui l'ont éloigné de l'église chrétienne évangélique de sa jeunesse et ceux qui l'ont empêché d'adhérer plus tard au mouvement des Black Muslims. Car s’il condamne les exactions racistes et le traitement que les Blancs réservent aux Noirs, il dénonce tout autant le désir de vengeance et la violence prônée par une certaine mouvance Noire.
Baldwin appelle à s'émanciper des schémas de pensée millénaires qui attisent l’opposition des races et favorisent la domination de l’une par l’autre et rejette l’opposition systématique Noirs/Blancs. Tout comme il refuse l’extrémisme, quel que soit son camp, car il croit fermement en l’éducation pour faire évoluer les mentalités. Il prône l’apaisement, oppose la modération à la radicalité, la construction à l'extermination.
The Fire Next Time - Extraits
James Baldwin - The Fire next time (Vintage, 1992) [1963]
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