Récap' de janvier 2021

Loo Hui Phang & Hugues Micol - Black-out (Futuropolis, 2020)
Stephen Markley - Ohio (Simon & Schuster, 2018/Albin Michel, 2020)
Hubert & Zanzim - Peau d'homme (Glénat 1000 Feuilles, 2020)
Brontez Purnell - Early retirement (The Atlantic, 21.01.2021)
(nouvelle tirée de son recueil
100 Boyfriends à paraître le 2 février 2021)
 
Helen Ennis - Olive Cotton, A Life in Photography (HarperCollins, 2019)

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Quand le cœur n’y est pas, quand l’esprit, trop préoccupé, mouline sans trêve et ne laisse pas la moindre place à l’apaisement, on se retrouve avec un mois de janvier merdique et un bilan de lecture qui l’est tout autant : 2 BD, un roman, une nouvelle et un essai même pas lu à moitié à l'heure de ce bilan.

2021 avait pourtant très bien commencé avec Black-out, une des BD reçues à Noël. (je ne tiens pas compte d’Anne de Green Gables, dont j’ai fini la lecture les deux premiers jours de janvier)
Une brillante évocation de l’âge d’or d’Hollywood, implacable outil de propagande qui diffuse les valeurs d’une société américaine blanche, patriarcale, hétéronormée et chrétienne, un rouleau-compresseur sans aucune pitié pour les minorités (raciales, sexuelles…) qui voue à l’oubli éternel, en un claquement de doigt, quiconque s’écarte de la ligne imposée par le studio.
Figure centrale autour de laquelle évoluent les célébrités de l'époque, Maximus Wyld est l'acteur "aux mille visages" auquel on fait appel pour les rôles de personnages issus de minorités raciales. En même temps qu'il fait son chemin à Hollywood, on découvre l’envers peu reluisant du décor de l’usine à rêves. Un roman graphique passionnant de plus de 200 pages au scénario serré et aux dessins sublimes.
Black-out - Extraits

J’ai enchaîné, confiant, avec Ohio, “valeur sûre” de la blogosphère littéraire l'an dernier qui me faisait fort envie.
Malheureusement, j'ai eu un mal fou à entrer dans ce roman, naviguant dans une sorte de flou artistique, avec l’impression désagréable de ne pas tout comprendre de ce que je lisais. 
Alors, après une bonne cinquantaine de pages, plutôt que d’abandonner, je suis passé à la version française, avec l'espoir d'y voir un peu plus clair. Mais les pérégrinations sous acide de Bill Ashcraft  m’ont paru tout autant abscons et bavard, ce qui m'a rassuré sur mon niveau d'anglais mais pas pour la suite ! Dès la partie suivante, quand Bill n'est plus le personnage central, les choses m'ont paru beaucoup plus fluides; les éléments faisant sens les uns avec les autres.  
Au final, si je suis loin de l’engouement général qui place souvent ce roman parmi les meilleurs de 2020 (sans doute à cause de mon début laborieux), j’ai tout de même beaucoup apprécié cette capture d’une certaine Amérique rurale désenchantée.
Ohio - Extraits
 
J’avais feuilleté Peau d'homme en librairie mais je l’avais vite reposé, malgré tous les retours enflammés que j’avais lus, à cause du dessin que je n’aime vraiment pas. Et puis le hasard a voulu qu’il croise ma route. 
Pendant toute la première partie, j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire (encore !) : le dessin et les couleurs me gênaient décidément beaucoup. Mais l’histoire a pris le dessus et j’ai peu à peu fait abstraction de l’illustration pour ne me concentrer que sur le récit.
Je dois reconnaître que j’ai pris plaisir à suivre les aventures de Bianca. Toutefois, malgré les thématiques qui me sont chères, défendues dans cet album, (condition de la femme, intégrisme religieux, question du genre, homosexualité), j’ai trouvé cette histoire sympathique, ni plus ni moins. En tout cas, je n’y ai pas décelé la pépite que beaucoup y voient.

Après ces deux lectures mi-figue mi-raisin, je ne savais pas trop avec quoi enchaîner. Alors que plusieurs romans qui m’ont fait de l’œil l’an dernier attendent toujours leur tour, aucun ne se démarquait vraiment, ne m’attirait plus qu’un autre. L’aiguille de mon envie-o-mètre restait obstinément bloquée dans le rouge. S’engager dans un livre, quel qu’il soit, alors que je n’en avais pas spécialement envie, conduit la plupart du temps au flop assuré. Et je ne me sentais pas de « sacrifier » un bon roman à mon humeur pour le moins morose.
Je n’ai pas pris de risque et j’ai profité de la publication en ligne d'Early retirement, une des nouvelles du nouveau recueil de Brontez Purnell, 100 Boyfriends, pour « tâter le terrain », comme on glisse son orteil dans l’eau de la piscine pour en évaluer la température. Lecture agréable qui a conforté mon envie de lire, enfin !, cet artiste complet (auteur, musicien, danseur, réalisateur, performer) queer, noir, cash et trash qui m’intrigue depuis plusieurs années.
Early Retirement - Extraits

Pour autant, après cette lecture (très) rapide, je n’étais pas plus avancé sur le prochain livre que j’allais ouvrir. J’ai donc eu recours à ma parade habituelle en de pareilles situations : la non-fiction a généralement ce pouvoir de me remettre d'aplomb. La biographie d’Olive Cotton, photographe australienne trop souvent laissée dans l’ombre de son premier mari, Max Dupain, et longtemps considérée comme une simple assistante, m’est apparue comme un choix judicieux.
Manque de bol, je me traîne dans cette bio dont j’ai picoré à peine plus de 200 pages en deux semaines. Qu’Olive ait été une personne réservée n’aimant pas s’épancher sur son parcours de vie n’aide pas beaucoup : pour tout ce qui ne touche pas directement à l’étude des clichés de la photographe, l’auteure en est souvent réduite aux suppositions et aux extrapolations. Que ses premières années comme photographe soient si intimement liées à celles de Dupain non plus : j’ai l’impression, à ce stade, d’en savoir autant (voire plus) sur Max que sur Olive, ce qui n'était pas le but du jeu.
Si je continue à ce rythme, avec l’entrain qui est le mien actuellement, il se pourrait bien que l’Australie et Olive Cotton m’occupent encore tout le mois prochain…
 
Il y a également fort à parier que je me fasse toujours aussi discret sur les réseaux et par chez vous dans les semaines à venir, mais ne doutez pas que je continue à vous suivre silencieusement, de loin.

Commentaires

  1. Je n'ai pas accroché à Ohio, toute la première partie, je restée en dehors, et finalement je ne suis jamais entrée vraiment... Toutes les personnes avec qui j'ai des goûts communs ont aimé, alors j'ai préféré ne pas en parler, parce que je suis complètement passé à côté. Quant à Peau d'homme, au départ je n'accrochais pas non plus avec le dessin, et puis finalement l'histoire m'a bien plu...

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    1. Tu es passé, toi aussi, à côté de Ohio... Grrrr! Non mais... je ne t'en veux aucunement. Sans rancune!

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    2. Hormis le fait que je n'étais probablement dans les meilleures conditions pour recevoir Ohio, j'ai été déçu car après avoir lu plusieurs chroniques enthousiastes, je m'attendais à quelque chose de nouveau, d'innovant, au moins dans la forme. Or, non seulement, j'ai eu un mal fou à y entrer mais je n'y ait trouvé qu'un roman choral certes bien foutu mais conventionnel, dont les différentes voix apportent chacune un éclairage complémentaire permettant de percevoir les événements dans leur globalité. Je crois aussi que j'ai trouvé cette histoire trop Américaine et pas suffisamment universelle pour me toucher réellement.

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    3. tiens tiens.. Marie-Claude va sourire .. je te rejoins je n'ai pas pu le finir (mon blocage d'un mois a commencé en lisant ce livre) et je l'ai trouvé aussi tellement américain et du coup conventionnel (quand on connaît bien le pays) mais si tu dis que ça va mieux quand on change de personnage .. je l'avais prêté à mon beau-père et qui me l'a rendu au bout de cinq jours car "il n'en pouvait plus"... ;-)

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    4. Je ne sais pas à quel niveau du roman vous avez jeté l'éponge, ton beau-père et toi, mais en ce qui me concerne, c'est le personnage de Dan Eaton (soit à peu près à mi parcours) qui m'a touché et qui m'a emporté avec lui dans le reste de l'histoire.

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  2. Voici de belles lectures ! Je te souhaite un beau mois de février avec d'encore belles lectures et découvertes !

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    1. A ce jour, février ne m'aura encore apporté aucune nouveauté : je suis toujours avec Olive Cotton 😀.
      J'ai vu que tu avais beaucoup aimé Les Miracles du bazar de Namiya aussi.

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  3. Réponses
    1. J'ai passé un bon moment avec Peau d'homme, mais ce n'est pas une BD qui me restera longtemps en mémoire et qui m'a marqué comme d'autres ont pu le faire.

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  4. Oh, mais c'est la douche froide en ce qui concerne Ohio ! (d'autant plus en lisant le commentaire de Krol dont je suis aussi les avis avec intérêt). Bon, je le laisse sur ma liste de bibliothèque... Et Peau d'homme me tente tout de même !
    Bon courage pour la suite de tes lectures de février ! ;-)

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    1. Tu fais rudement bien de ne pas te limiter à mes seuls retours sur ces deux histoires. Les voix réellement enthousiastes sont bien plus nombreuses 😉 Et puis, avec la bibli, tu ne risques rien à te faire ton propre avis.

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  5. Je pense que les grands lecteurs font rire avec leurs "bilans minables" de quatre ou cinq livres sur un mois. Je viens de terminer "Peau d'homme" qui m'a beaucoup plu, mais en effet j'ai eu du mal avec le dessin et je trouve qu'il ne tient pas toutes ses promesses au final. A faire lire aux non initiés surtout.

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    1. Mon bilan n'est pas minable, il est juste merdique ! 😄 Je te rejoins pour dire que le nombre importe peu. Pour autant, j'avais envie de me "saouler" de lectures, de vibrer, de vivre du "mémorable", histoire de compenser le vide et l'angoisse du réel... et ça ne l'a pas fait, la faute à un mauvais timing, à des choix inappropriés. Il se situe là, mon sentiment de raté, pas dans un score que je me serais fixé et que je n'aurais pas atteint (ce que je ne fais jamais).
      Peau d'homme est une histoire plaisante et "légère" idéale pour diffuser "la bonne parole" et sensibiliser le plus grand nombre à des sujets "graves" (ce qui est déjà pas mal !) mais on reste en surface.

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  6. Je te rejoins totalement sur Black-out, c'est brillant oui ! Je suis plus étonnée par le fait que tu n'aies as accroché à Peau d'homme, je fais partie des conquis tu le sais :-)
    Quant au rythme de lecture, je te comprends. je suis au ralenti depuis plusieurs mois, je traine sur plusieurs livres en même temps et souvent je ne vais même pas au bout. Il n'y a que la BD et la jeunesse pour m'offrir de belles parenthèses. Ça reviendra ;-)

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    1. Comme je l'ai dit à ManU plus haut, ce n'est pas vraiment que je n'ai pas accroché. J'ai bien aimé (l'histoire bien plus que les dessins, même si j'ai fini par m'y faire), mais sans plus. Évidemment que c'est le genre de BD "engagée" qu'il faut glisser entre les mains du plus grand nombre de gamins, pour autant ça ne m'a pas suffit pour en faire une œuvre remarquable à mes yeux (comme l'a été récemment L'Accident de chasse, par exemple).

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  7. Tu considères ce bilan décevant mais tu me donnes beaucoup d'infos ! Je note avec enthousiasme la BD Black -Out, et je te remercie de me rassurer pour Ohio et Peau d'homme qui ne me tentaient pas du tout :-)
    Haut les coeurs, janvier est passé.

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    1. Ce bilan est décevant parce que j'en attendais plus et qu'à part Black-out, j'en suis ressorti avec un goût de "trop fade" et autant de frustration qui est venue s'ajouter à toute celle accumulée ce mois-ci par ailleurs, en dehors de mes lectures 😔
      Mais il n'y a, en soi, rien de grave là-dedans.

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  8. Ce n'est pas du tout un bilan décevant ! Pas à mon sens à moi, en tout cas. Je ne retournerai pas le fer dans la plaie pour Ohio. On passe à autre chose!
    Sinon, j'ai hâte que tu te fasses moins discret, en espérant que la vie est bonne pour toi, malgré cette période éprouvante...

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    1. Comme je viens de le dire à Marilyne, ce mois de lectures m'a déçu car il n'a pas été aussi riche (en quantité et en émotions) et exaltant que je l'escomptais. La "magie" n'a pas opéré. Alors que mes lectures (et les échanges qu'elles génèrent) agissent comme un sas de décompensation (plus encore ces derniers temps), cette fois-ci elles n'ont fait qu'alimenter les idées noires qui sont les miennes en ce moment.
      Ça va passer (ça finit toujours par passer), mais crois-moi, quand je suis dans une période "down" comme ça, mieux vaut que je reste dans mon coin ; je ne suis pas la meilleure compagnie dont on puisse rêver.😉

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  9. Tu parles d’un bilan minable toi ... sinon je voulais lire Ohio, eh bien je ne le lirai pas. Ma confiance en toi est aveugle ( sauf pour «  à la ligne » ah ah ah)

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    1. Ah, tu vois, ta confiance en moi n'est que borgne, en vérité 😄
      Et du coup, si tu avais vraiment envie de lire Ohio, je ne peux que t'encourager à tenter l'aventure tant ma lecture a été fortement impactée par des éléments extérieurs.

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  10. allez, tu as vu mon bilan de novembre-décembre ? eh ben non car impossible de lire la moindre ligne tout simplement, ni BD, ni photographie, rien, nada ! mon cerveau était en burn-out et puis c'est revenu !
    on y croit et contente de te re lire tout de même ;-)

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    1. On est déjà mi-février et je n'ai toujours pas terminé l'essai sur Olive Cotton 😧 Je ne lis pas autant que j'aimerais et en plus, je trouve cet essai peu consistant et assez ennuyeux en définitive, sans pour autant réussir à me décider de l'abandonner...
      Le prochain bouquin sera peut-être celui du déclic ! 😏

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