On est deux adolescents comme les autres.
S’il y a bien un truc que je déteste dans la vie, c’est la fête. [..] une catastrophe intersidérale. Qui se reproduit chaque fois que je suis invité à une soirée. Je réussis toujours à me persuader que quelque chose de monumental, incroyable, inoubliable, va arriver (m’arriver), mais c’est toujours le même sentiment qui m’écrase : un désarroi poisse, et la sensation violente d’être absolument seul au monde. Les fêtes me foutent un cafard de malade, me renvoient à ma condition de mec incapable de draguer (draguer qui ?), pas foutu de se réjouir, la tête vide et légère, un mec pas cool, pas drôle, trop sérieux, qui ne comprend rien aux groupes, aux blagues nazes, à pourquoi on s’entête à parler (hurler) sur de la musique qui défonce les tympans et à pourquoi on se fatigue à transpirer dans un petit salon parisien dont on a poussé les meubles sur lesquels de alcools à te brûler la gorge attendent d’être ingurgités avec du Red Bull au goût de médoc. (pp. 11-12)
- On est deux gros bâtards d’obsédés sexuels.
- On est deux adolescents comme les autres, dis-je avec recul. (p. 148)
C’est le mojito.
C’est Fuerteventura.
C’est pas fait exprès.
C’est parce que nous ne savons pas où sont les jeunes sur cette putain d’île.
C’est parce qu’il n’a pas rencontré de fille.
C’est parce que je n’ai pas rencontré de garçon.
C’est juste pour essayer.
C’est pour avoir tout fait ensemble.
C’est pour tous les amis pareil.
C’est pour se dire : on l’aura fait.
C’est entre lui et moi.
C’est à conserver à l’abri de la lumière.
C’est pas grave du tout.
C’est la première et dernière fois.
C’est à prendre à la légère.
C’est rien.
Ça va passer. (p. 183)
L’amour et la nuit sont différents selon que nous sommes chez lui ou chez moi.
1. La mère d’Octave ne foutant jamais les pieds dans la chambre de son fils, nous ne prenons même plus la peine d’installer le lit d’appoint dans lequel je dormais avant. L’amour y est à l’étroit, le sommeil emmêlé, c’est une longue courbature.
2. Dans ma chambre, c’est autre chose puisque j’ai un lit double : nous nous étalons, habitons le lit dans tous les sens, je roule vers Octave la nuit quand il s’éloigne de moi, je le rattrape. (p. 202)
Au lycée, on te trouve relou : ton attention est très difficile à capter, tu t’engages peu ou moins dans les conversations, tu ne t’intéresses plus aux autres, tout le monde a remarqué que tu n’écoutais plus la vie que d’une oreille, que tu la voyais en flou, tes seules mises au point sont pour : Octave. T’est-il déjà arrivé quelque chose d’aussi incroyable ? (p. 207)
Arnaud Cathrine - Romance (R-jeunes adultes, 2020)
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