Une certaine idée de la littérature



J’aurais beau me cramponner désespérément à ma vision idéaliste de la chose (d'aucuns diraient naïve), la littérature est définitivement un produit comme les autres. Lessive, livre : même combat, mêmes armes. Tous les coups, même les plus abjects, sont permis.

Si jamais, comme moi, vous en doutiez encore et ne vouliez voir la réalité en face, voici des extraits de deux articles publiés ces derniers jours sur le web, dressant un portrait de la littérature d’aujourd’hui sortant directement de mes pires cauchemars. (Ce qui m’effraie le plus c’est que de nos jours, pour paraphraser La Fontaine, toutes les sphères de la société ne meurent pas, mais toutes sont frappées du même mal)

Pour lire les articles dans leur globalité, je vous renvoie vers les liens qui vous mèneront directement aux pages dédiées.

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[Le sensitivity reader,] cet inspecteur des travaux finis, [...] tamis pour séparer le bon grain de l’ivraie. Reste à en définir les critères. D’une époque l’autre, les paramètres ont changé. Ceux d’aujourd’hui auraient fait hurler dans les années 70-80. Un texte est jugé dérangeant si l’auteur crée un personnage noir sans être noir lui-même. Ou s’il est un homme et que son narrateur est une narratrice. C’est d’une logique imparable : puisque vous n’êtes pas de notre communauté, vous ne pouvez pas parler en notre nom. Mais qu’est-ce qu’un romancier sinon celui dont on attend qu’il se mette dans la peau d’un autre ?

Ils en sont arrivés là par la culture de la victimisation. Cela se traduit par une standardisation de l’écriture notamment dans les livres pour la jeunesse. Car le plus grand danger, la plus sourde menace de cette censure qui ne dit pas son nom, c’est le réflexe qu’elle tend à créer chez les auteurs : l’autocensure préventive, forme paroxystique du principe de précaution. Cela va de l’histoire proprement dite à l’accent des personnages
Le romancier se sent alors sous surveillance. De quoi anéantir toute velléité de transgression, laquelle féconde la fiction depuis des siècles.


Il suffit d’un groupe de lecteurs déterminés pour faire campagne et tuer un livre. Mais un écrivain qui se demande au moment de l’écrire quel effet produira son roman à sa parution, qu’est ce qui est approprié et qu’est ce qui ne l’est pas, est un écrivain fichu pour la littérature.

Pierre Assouline, Faulkner réveille-toi, ils sont devenus fous !
La République des Livres, 29 février 2020
 

Les « bookstagrameurs », comme on les appelle, sont des véritables atouts de promotion pour les maisons d’édition et les auteurs.
Les maisons d’édition, ayant compris l’enjeu de ces nouveaux acteurs littéraires, n’hésitent pas à faire un partenariat avec ces influenceurs, leur proposant des ouvrages sur lesquels ils pourraient faire une chronique en échange dudit livre ou d’une rémunération allant de 80 à 400 € selon la publication.
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Eugénie Devos et Noëmie Carrecabe, Quel avenir pour la promotion du livre ? Le cas Instagram
ActuaLitté, 02 mars 2020

* Et non seulement ça, mais le lien renvoyant vers l'article paru dans M, Le Magazine du Monde du 30/082019 m'apprend qu'en plus des 80 € pour faire une photo cucul du livre à vendre à côté d'une gerbe de fleurs artificielles, les "bookstagrameuses influenceuses" se font encore plus de thunes avec du placement de produits (adieu les fleurs piquées sur la tombe de mamie, bonjour les bougies parfumées sponsorisées). Mon pire cauchemar, je vous dis.

Commentaires

  1. Elles me font peur les bookstagrammeuses.... 🤐

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  2. Hélas, sans surprise, ça va avec l'ultra-consommation, le vite fait, vite digéré, des livres consommés comme des séries, donc oui, uniformisation produit.

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    1. Plus grave encore à mes yeux, je pense que ça a beaucoup à voir avec la tyrannie du politiquement correct dont parlait justement Lambert Wilson ce matin, à propos d'un tout autre sujet, sur Franceinfo : "Cette espèce de politiquement correct, je trouve que c'est du terrorisme."

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    2. Oui, c'est ça, du lisse, du prêt à penser.

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  3. Je ne suis pas étonnée, ni de l'uniformisation par auto-censure, ni de l'influence de comptes qui ne font qu'encenser à tout-va, du plus médiocre au meilleur... Je suis sur Instagram, surtout pour l'échange de photos en famille, et au départ, un peu pour le blog aussi, je ne m'en cache pas. ça m'a permis de comprendre le fonctionnement (pas celui des billets sponsorisés, je n'en suis pas là, bien évidemment, et n'y serai jamais !) mais surtout de m'effarer du manque total d'esprit critique. Le journaliste du Monde le dit bien aussi, c'est un univers où tout est beau, lisse, et sans saveur ! Quand on se hasarde à dire en commentaire de la photo d'un(e) autre instagrammeur(meuse) qu'on n'a pas aimé un livre, celui-ci reste invariablement sans réponse !
    J'en reste donc à de sporadiques photos de voyages... et quelques piles de livres à lire, on ne se refait pas ! ;-)

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  4. Le 1er avril JPB sort un roman ados sur Greta Thumberg et la jeunesse engagée. Mhhh... Oh non pas lui fut ma première réaction.
    D'une manière générale la littérature se doit aujourd'hui d'être insipide et sans risque, dans mon job je ne sais pas pourquoi je m'évertue à acheter autre chose que les têtes de gondole, on ne me demande qu'elles. allez, on arrête de déprimer, on n'a pas encore lu le dixième du quart des vieux classiques ;-)

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    1. Ça c'est de la "news", dis donc ! Et effectivement, même avec JPB aux manettes, ça fait peur...
      Sans se rabattre sur les classiques qui finiraient par faire fuir les quelques lecteurs qui restent, on peut tout de même lire et écrire des romans contemporains engagés, qui disent des choses même si elles ne sont pas forcément agréables à entendre, non ?
      Cette mode du sensivity reader, c'est de la lobotomie forcée.

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  5. Ce n'est guère réjouissant tout ça et Mademoisellelit dont on parle dans l'article a même été invitée sur France Inter, je ne la connaissais pas avant... d'autant plus que je ne suis pas sur instagram. J'étais allée sur son blog ensuite pour voir et j'ai vu qu'il n'était pas pour moi. Restons nous-mêmes, sincères et toujours à la recherche du roman qui nous fera vibrer.

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    1. J'ai du mal à comprendre cet engouement pour les comptes Bookstagram... En quoi présenter le bouquin dans une pseudo mise en scène très "Gifi" va m’inciter à l'acheter ? Les gens sont-ils autant dénués de libre-arbitre et d'esprit critique ? Je me refuse à le croire.
      En plus, quand tu en as vu une dizaine de es photos, tu les as toutes vues... Aucune originalité au final... C'est désespérant.

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  6. Concernant les sensitivity readers, je suis d'accord avec toi, c'est désolant. Encore dernièrement le cas de American Dirt de Cummins est complètement aberrent. A force, les auteurs n'auront le droit que d'écrire de l'autofiction à la française et là, pour ma part, je risque de ne plus être au rendez-vous du tout.
    Par contre, pour ce qui concerne les bookstragrameuses, je ne vois personnellement pas la différence avec ce qui se fait sur la blogosphère ou il y a aussi des articles sponsorisés, des services de presse et des faux avis qu'on sait tous plus ou moins repérer, non? J'avoue, je suis sur Instagram, de manière très modeste. Ca me permet de continuer à partager sur les livres en mode chrono, (et avec des jolies photos aux mille filtres). C'est plutôt là ma/mon (auto)-critique, qu'on soit si pressé actuellement que même lire un billet de blog devient trop long, une photo 4 lignes et le tour est joué. On like, sans parfois même lire le texte, juste pour être présent et se faire voir. C'est plus cet aspect d'Instagram qui me gêne personnellement.

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    1. Tu sais quoi, je suis certain que même s'il ne reste plus que ce que tu appelles l'autofiction à la française, le sensivity reader fera son travail de sape quand même !!!
      Pour ce qui est d'Instagram, je fais la différence entre un compte perso où on parle aussi de bouquins et un compte dédié où il n'est question que de ça. Effectivement, la blogosphère est également touchée par le fléau mais j'ai l'impression (et ce n'est que mon impression) que le grand ménage a déjà été fait, même si toutes les verrues n'ont pas disparu, loin de là. Aussi, j'ai le sentiment qu'Insta incite plus facilement aux débordements : plus facile à mettre en place, plus de sollicitations des maisons d'édition, plus populaire que les autres réseaux sociaux... et apparemment plus rémunérateur aussi.
      C'est vrai qu'il est facile de liker, juste pour dire qu'on est passé, que le post a été vu. Personnellement, ça m'arrive sur Facebook. Plus qu'un like, c'est une façon de dire que si je ne commente pas, j'ai quand même vu la publication. Et souvent, quand j'ai plus de temps, je vais lire le billet sur le blog.

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  7. Il y aurait tellement long à dire... J'ai perdu mes illusions depuis belle lurette: je le vois bien, la littérature est un produit de consommation comme les autres. (Ne vas surtout par sur Instagram, ça risquerait de t'achever!). Sur les blogues et sur IG, comme dans la vie, l'authenticité se sent et se ressent rapidement. Après, il devient vite facile de faire le tri et de laisser passer et dire tant qu'ils veulent les opportunistes et les m'as-tu-vu.

    Depuis cinq ans, j'ai développé une très belle communauté sur le blogue. C'est d'ailleurs elle qui me retient de faire une pause ou de quitter. IG est venu après. C'est un tout autre monde. Plusieurs ont délaissé leur blogue pour n'apparaître que sur IG, chose que je ne pourrais pas faire J'ai un nombre ahurissant d'abonnés sur IG et je ne me sens près que d'une trentaine. Il y en a qui ne visite pas les blogues, seulement FB et IG. Ça m'a permis d'élargir mon petit réseau. Pour le reste... Je fais abstraction de la course aux likes, je me fiche de mon nombre d'abonnés et je ne suis pas les «vraies» bookstagrammeuses influenceuses. Je ne suis qu'un petit nombre de personnes, soit ceux dont les lectures m'intéressent et m'inspirent (pareil pour les blogues). Tout ça pour dire qu'il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, mais qu'il faut choisir sciemment l'épingle que l'on veut tirer du jeu selon ce que l'on veut retirer des réseaux sociaux. Aussi, les fleurs séchées ou non, et les bougies, très peu pour moi. (Par contre, j'ai un chien saucisse et un chat qui sont des vedettes sur mon compte!) On a bien essayé de me soudoyer à quelques reprises, mais sans succès. Je n'aime pas un livre, je le dis avec la même vigueur que si je l'aime. Ça, ça ne se monnaye pas. La franchise n'a pas de prix.

    Comme ça tombe à pont, je vais terminer ça par une citation du roman de Marcus Malte que je suis en train de lire!
    «- La France a produit Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Hugo, Flaubert, Céline...
    - Que des morts.
    - Vous pouvez me citer des auteurs vivants de cette envergure?
    - Euh...
    - C'est bien ce que je dis! Et de toute façon, on s'en fout, puisque l'auteur français le plus lu au monde, c'est ?
    - C'est?
    - Marc Levy.
    - Pas lu.
    - Moi non plus, mais nous sommes les derniers, je le crains. Notre monde est ainsi fait que la majorité des gens préfèrent lire Marc Levy qu'Arthur Rimbaud. Que la moindre video postée par un youtubeur sera toujours plus commentée que le dernier bouquin de Pierre Michon. »

    Désespérant...

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    1. Le pire d'IG? Les bookstagrammeuses qui se montent un gros réseau d'abonnées et qui, par hasard (?!), publient ensuite un roman que ses abonnées s'arracheront (ou recevront gracieusement en sp) et qui en parleront de façon très élogieuse sur leur compte. C'est pas beau la vie?

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    2. Tu es moins naïve que moi. Même si je descends plus souvent qu'à mon tour de mon nuage du pays des Bisounours, je n'arrive pas à me défaire de ce sentiment de vénération que la littérature m'inspire...
      Évidemment, certains comptes sortent du lot. Heureusement, sinon il n'y aurait plus qu'à aller chercher la corde pour se pendre...
      Mais plus encore que les combines, le pire d'IG pour moi, c'est le manque d'originalité flagrant dont il témoigne, ce côté "suiveur" démultiplié à l'infini. Il suffit qu'une personne utilise tel filtre, tu peux être sûre que pendant un moment tu ne verras que des photos retouchées avec ce même filtre. Une autre décide d'une mise en scène un peu moins banale que les autres, et hop ! C'est l'effet boule de neige....
      Le plus criant, je l'ai vu il y a peu. Le seul compte Insta que je consulte (sans même être inscrit ni abonné) est celui d'artistes que j'affectionne. Ils ont dernièrement eu les honneurs d'une expo importante qui a drainé pas mal de monde. Eh bien, parmi le nombre des œuvres exposées, ce sont toujours les mêmes ou presque qui sont publiées. Pire encore, sur les milliers de clichés publiés, il y a autant de "doublons", des photos identiques à la pelle. Pas même un semblant d'originalité dans le cadrage...
      Un jour, l'un d'eux a réalisé que l'encadrement des œuvres faisait partie des œuvres elles-mêmes et s'est amusé à faire des gros plans de détails de ces cadres. Enfin, un regard posé en périphérie ! Et tu sais quoi ? Ça n'a pas raté, ni une, ni deux, les semaines d'après on a eu le droit à une avalanche de clichés de détails des cadres.... évidemment tous identiques.
      Je te cite cet exemple, peut-être moins "parlant" parce que les occasions de sortir du "moule" sont moins nombreuses que dans un environnement normal. Mais je suis certain que ce phénomène de "suiveurs" se retrouve partout ailleurs....

      En tout cas, avec ta citation, tu m'as donné furieusement envie de retenter M. Malte 😘

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  8. Je suis farouchement attachée au blog, ne suis pas sur Intamachin, et facebook c'est pour être au courant, sans plus. Même si tourne un peu en rond parfois.
    Quand même je suis effondrée à la lecture d'Assouline. Et demeure de plus en plus attachée aux bons vieux classiques , oui, Faulkner aurait eu des procès je le sens...

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    1. Ce que déplore Assouline est le mal de notre société actuelle. Évidemment qu'il faut condamner les excès, mais il faut raison garder.
      Je ne sais pas si tu as été suffisamment curieuse pour aller jeter un œil sur les commentaires laissés suite à l'article, mais si ce n'est pas le cas, vas voir. C'est pour le coup que tu vas être effondrée... de constater leur vacuité !!! 😒

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  9. Je ne suis pas sur Instagram et ça ne me manque pas du tout. FB me sert surtout d'infos en tout genre, je me garde bien des polémiques à la noix et le jour où ça ne me conviendra plus du tout, je fermerai mon compte. Mais je suis d'une autre génération, c'est peut-être plus facile de décrocher, j'ai une vie bien plus longue sans réseaux sociaux qu'avec. Il n'y a qu'à mon blog que je tiens encore. Quand aux bookmachins, je ne sais même pas de quoi on parle. (C'est qui JPB ?)

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    1. Je suis comme toi, FB me sert surtout à me tenir au courant de l'actualité des livres (au sens large) et ça me suffit. Il y a déjà suffisamment de sources de stress dans la vraie vie pour moi sans que je m'en inflige d'autres que je peux éviter.
      (psss : JPB = Jean-Philippe Blondel, auteur chouchou des premiers jours de la blogo 😉 )

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  10. Je rejoins Marie-Claude. J'ai rejoint IG et j'ai découvert quelques blogueuses que je ne connaissais pas, via ce réseau. Mais comme le dit Marie-Claude, il faut faire un tri et ne pas jeter bébé avec l'eau du bain. D'ailleurs, tu l'as fait toi-même en suivant tes artistes préférés.
    Evidemment, j'ai aussi vu arriver avec leurs gros sabots ces influenceuses. J'avoue que j'apprends en te lisant qu'elles sont rémunérées. MDR Je reçois des SP mais avec toute la liberté d'écrire ce que j'en pense (taches rousses par exemple) mais je ne suis jamais rémunérée. J'étais donc encore très naïve, je pensais juste qu'elles recevaient les livres et c'est tout. Après, j'ai repéré l'une d'elles car sur son blog, elle aime TOUS les livres - elle les reçoit tous (impressionnant, toutes les maisons sont à ses pieds) mais elle n'émet jamais un avis négatif. Ma question : que vaut son jugement ? Moi, tu viens de le lire sur mon blog, je suis toujours honnête.
    Je suis très visuelle, donc j'aime bien le concept d'IG par contre je n'aime pas le format et je ne lis jamais les longues chroniques des bookstagrammeuses- je préfère le format du blog.

    Pour Assouline ou l'extrait de Malte, bon allez tu nous l'a dit toi-même - rien de neuf. On a les chiffres des livres les plus vendus et on le sait. Mais je ne suis pas aussi désespérée que toi, sans doute parce que, je sais qu'une communauté de lecteurs existe, celle qui ne suit pas comme un mouton les médias et suit son petit bonhomme de chemin. On s'est reconnu, on s'est retrouvé... Je me fiche d'avoir un faible nombre d'abonnés, la qualité est au rendez-vous et c'est essentiel. Savoir que prendre un café avec toi ou Luparju , ou Inganmic sera toujours un délicieux moment d'échange. Il y a six milliards d'humains sur terre.
    Merci pour dire à Aifelle qui est JPB... en fait, je me sens toujours aussi décalée en lisant tes billets, car son nom ne me dit rien !

    PS : Je n'aime pas les bougies. Je déteste ça (et encore pire celles qui sentent ! )

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    1. J'ai bien noté ton appel du pied et je sais désormais à quoi m'en tenir si jamais j'étais amené à t'offrir un cadeau 🤭🤭
      Plus sérieusement, je fais la distinction entre les blogs/insta rémunérés, voire "professionnels" et ceux qui reçoivent des SP (à moins que ce soit en quantité industrielle).
      Pour ce qui est des avis uniquement positifs, beaucoup de blogueurs/ses "respectables" préfèrent ne pas perdre de temps à rédiger des chroniques négatives. C'est un sujet qui revient régulièrement sur la table... Perso, je trouve un billet négatif, intelligemment argumenté, toujours très utile. Et il m'est même arrivé que les raisons qui ont conduit à la déception d'une lectrice soient justement celles qui m'ont poussé à lire ce même livre.
      Enfin, pour IG, moi aussi je suis très "visuel", et j'aime les belles choses mais vu la pauvreté esthétique des comptes IG (qui ne sont pas ceux de véritables artistes), je préfère ne pas aller y perdre mon temps. Et comme toi, je trouve que le format ne se prête pas du tout aux longues chroniques (tout comme Tumblr sur lequel j'avais commencé ce blog quand il était encore consulté de moi seul).
      Bref, pour parler crûment, je trouve que le niveau de la merde ne cesse de monter et ça commence à sentir très mauvais... et je n'ai pas envie de m'y retrouver noyé. Call me prétentieux if you want.
      (C'est logique que tu ne connaisses pas JPB : et d'un, tu lis très peu de littérature française; et de deux, tu n'étais pas née quand il était le chouchou des blogs 😄)

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  11. Moi c'est quand j'ai travaillé (enfin travailloté) quelque mois en librairie en Espagne (ça remonte) que je me suis rendue compte, extrêmement déçue, que le livre n'était qu'un produit comme un autre, au même titre qu'un vêtement ou autre produit de commerce... En plus j'étais au rayon parascolaire, méthodes de langue, dictionnaires, donc rien de sexy vraiment. Ça ne m'a toutefois pas empêché de continuer à vénérer la littérature et la lecture.:) Bon, sinon tout ou presque a été dit côté réseaux sociaux et influenceurs. Moi c'est surtout le sujet qui touche un peu à l'appropriation culturelle (ou communautaire) qui me navre ces derniers temps. Les gens s'excitent toujours d'un tout et d'un rien et la ramènent sans vraiment être vraiment concerné par ce dont ils parlent, ça me fatigue. Bref...

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    1. J'imagine que le rayon Parascolaire n'est pas pas le plus fun d'une librairie... La liberté de manœuvre et le rôle de prescription doivent y être limités à leur portion congrue... Pour le coup, je n'ai aucun mal à faire le rapprochement entre ce genre de livres et un paquet de pâtes.
      Je te rejoins sur l'aspect lassant des indignations des uns et des autres sur tout et sur rien... Une autre des maladies de notre société due à une mutation du virus internet.

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  12. Je l'ai vécu de l'autre côté de la lorgnette. Alors certes, j'ai écrit du consommable, mais c'est chaud de voir à quelle vitesse, comme tout produit, on est remplacé par la nouveauté.

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    1. L'attrait de la nouveauté est présent chez beaucoup d'entre nous, qu'il s'agisse de livres ou autres. C'est humain, je dirais. Le problème, vu la production "industrielle" de livres et le rythme effréné des sorties qui s'enchaînent, c'est que les livres qui ne sont pas sur-markettés n'ont pas le temps de se faire leur place alors que dans tous ceux qui sont oubliés au bout de quelques semaines, il y en a beaucoup qui mériteraient qu'on s'y intéresse sérieusement. A mes yeux, c'est plus la notion de rendement que de nouveauté qui trahit l'aspect mercantile des choses.

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  13. la question de l'appropriation culturelle et des sensitivity readers est un vrai problème à mon sens. c'est totalement nier le "sens du métier" de l'écrivain(e), ou encore de l'acteur/trice: se mettre à la place de l'autre pour tenter de le comprendre, porter sa voix. Je me souviens d'avoir lu comment une actrice américaine avait dû renoncer à un rôle de trans, et avait dû s'excuser d'avoir même eu l'idée de pouvoir l'interpréter! totalement ahurissant. C'est nier la capacité d'empathie qui est un des piliers, des socles de tout rapport social: être capable de se mettre à la place de l'autre, c'est se mettre en position de le comprendre et donc de discuter, de vivre ensemble.
    je pense cependant que le "politiquement correct" qui empêcherait de parler que certains fustigent à tout bout de champ est parfois une excuse pour que rien ne bouge. (je reste d'accord pour dire que certaines choses vont bien trop loin: comme des pièces de théâtre empêchées par exemple, c'est du grand n'importe quoi). Le problème, c'est que des décennies, des siècles parfois de perpétuation d'un système qui invisibilise, qui méprise etc finit par amener une radicalité en réponse. C'est un fait.
    le gros problème, de mon point de vue, c'est que les gens mélangent tout, les RS amplifient et déforment les faits et/ou les paroles, et ne laissent aucunement la place à la réflexion sensée, posée et argumentée.

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