La noblesse des petits, c’est la seule que j’ai toujours respectée
La pauvreté fut une compagne étonnante. Les temps n’ont jamais été simples mais nous nous sommes follement aimés. J’aurai été un amant assidu. Je ne prends pas la vie au tragique car j’ai choisi la misère. J’ai embrassé une vocation. Les embardées n’ont pas manqué. L’existence elle-même est sombre et j’ai eu mon lot, comme d’autres.
(p. 94*)
(p. 94*)
Le destin des clochards et celui des solitaires en Dieu ne sont pas si différents. Nous sommes seuls sous les étoiles, le soleil, et les hautes bourrasques. Plus le temps passe, plus les épreuves sont difficiles. Le corps n’accepte pas indéfiniment le régime grisâtre qu’on lui impose.
Les moines pouvaient utiliser le silence pour prier Dieu. De mon côté, le silence me donnait matière à oublier le monde, ses lourdeurs, son injustice, ses ébats et tous les hoquètements d’arrière-cour.
(p. 101*)
Je n’ai jamais voulu construire une œuvre. Je suis trop habité par le sentiment de la finitude humaine. Je crois que nous laisserons peu de traces sur cette terre. On ne se souvient même plus des architectes de la cathédrale de Bourges. Qui gardera la mémoire d’un pauvre peintre de la seconde moitié du XXe siècle ?
(p. 125*)
La vie sans attache que j’avais choisie ne me permettait pas de construire une grande œuvre. J’étais prisonnier de ma liberté. Elle m’avait enfermé aussi sûrement que les médecins avaient muré ma mère derrière les barreaux de la prison. Je pouvais faire les dessins qui se disperseraient ensuite dans la ville ; rien de plus.
(p. 83*)
Mes rêves s’entrechoquaient. Je voulais dessiner, lire, écrire des poèmes, cartographier. La liberté de mon âme seule avait un prix. J’ai tout quitté pour ne rien posséder, ni maison, ni meubles, ni même un lit.
(p. 12*)
Je ne savais pas si j’étais heureux. J’ignorais même si j’étais peiné.
(p. 13*)
Je ne savais pas si j’étais heureux. J’ignorais même si j’étais peiné.
(p. 13*)
Je n’ai jamais été aussi certain de l’absence de Dieu que la nuit. Quand le silence est parfait, il pourrait venir nous parler. Les hommes se reposent, ils ont achevé le travail. Leurs oreilles seraient disposées à entendre les messages divins. Mais rien ne se passe. Nous attendons en vain. Si Dieu existait, il aurait le droit de nous réveiller. Nous accepterions volontiers de sortir engourdis d’un sommeil réparateur. Mais Dieu n’a que son silence obsédant à offrir aux miracles sans parole de la nuit. Pour moi, la chose est entendue. L’obscurité raconte la fable du divin.
(p. 146*)
*sur ma liseuse
*sur ma liseuse
Nicolas Diat - Ce qui manque à un clochard (Robert Laffont, 2021)
Marcel Bascoulard - Dessin de la cathédrale de Bourges |
Autant t'avouer que je ne connais absolument pas!
RépondreSupprimerJ'ignorais tout de cette personnalité hors du commun avant d'avoir eu vent de la sortie du roman. Si tu veux en savoir un peu plus, je te recommande, Bascoulard, le destin tragique du dessinateur-clochard, un reportage de France 3 Centre-Val de Loire.
SupprimerJ'ai regardé le reportage, et cherché dans le catalogue de ma médiathèque : un livre des 'dessins' y existe! Auteur Patrick Martinat.
SupprimerMais quelle histoire!!!
N'est-ce pas ? 😉 Et si je ne m'abuse, Bourges n'est pas très loin de chez toi, non ?
SupprimerJe ne connais pas, je pense juste à Ulysse, le plus célèbre "clochard" de Nantes qui dormait en fait sur une vraie fortune mais a préféré passer sa vie dans la rue à mendier :-)
RépondreSupprimerMais oui, j'ai connu cet Ulysse !
SupprimerBascoulard n'a jamais eu la moindre fortune, et son mode de vie (choisi et assumé, même s'il n'en était pas moins difficile) était une façon de préserver sa liberté.
SupprimerMerci pour le partage, je ne connaissais pas non plus mais je viens de visionner la vidéo via ton lien.. Un personnage fascinant !
RépondreSupprimerUn sacré bonhomme, oui 😉
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