Nobody’s Fool, Richard Russo
Six mois après Everybody’s Fool (À malin, malin et demi), me revoici avec Nobody’s Fool (Un homme presque parfait) en compagnie de Sully et des habitants de North Bath (New York).
Enfin..., six mois plus tard, de mon point de vue, car on est dix ans plus tôt dans la vie des personnages mais aussi vingt-trois ans plus tôt dans celle de l’auteur. Tout le monde a bien suivi ? En fait, j’ai commencé par lire Everybody’s Fool en juin dernier qui est la suite de Nobody’s Fool que j’ai lu en novembre et qui se déroule 10 ans avant Everybody’s Fool, paru en 2016, soit 23 ans après Nobody’s Fool, lui-même paru en 1993. Cette fois-ci, c’est plus clair, non ? Non ?
Pas grave. On s’en fout, ça n’a aucune importance. C’était juste pour faire mon intéressant.
North Bath, donc. Au mitan des années 80.
À cette époque déjà, ce n’était pas la folle ambiance dans cette petite commune qui dépérit chaque jour un peu plus depuis que l’interstate reliant directement New York à Montréal a rendu accessoire la traversée de la ville et rarissime toute circulation autre que celle des habitants.
L’homme presque parfait du titre, ce pourrait être Donald Sullivan, dit Sully, le personnage principal du roman. Sexagénaire boiteux suite à sa chute d’une échelle, divorcé de longue date de Vera, vivotant de petits boulots plus ou moins bien payés (mais toujours au noir !).
Ce pourrait être Peter, ce fils qu’il n’a jamais élevé et avec lequel il entretient de liens plus que lâches. Peter, qui est venu passer les fêtes de fin d’année avec sa femme et ses fils chez sa mère et son beau-père, Ralph, alors que son couple bat de l’aile, que ses relations avec sa maîtresse ne sont pas au beau fixe, et qu’il vient de se voir refuser sa titularisation par l’université où il enseigne.
Ce pourrait être aussi Ralph, nouveau mari de Vera, que Peter considère comme son véritable père et qui fait preuve d’une abnégation et d’une patience sans borne quand sa femme entre dans des crises de plus en plus fréquentes et violentes, frôlant la démence.
Cet homme presque parfait, ce pourrait être Rub, esprit simple à l'hygiène corporelle douteuse, fidèle et loyal ami de Sully qui prend un malin plaisir à le faire tourner en bourrique.
À moins que ce ne soit Carl, entrepreneur peu scrupuleux, source principale d’activité pour Sully auquel le lie une relation d’interdépendance sur le mode de « Je t’aime, moi non plus ».
Ou encore Clive, jeune banquier dont le projet est d’implanter un parc d’attraction à Bath pour redynamiser la ville, fils de Miss Beryl, ancienne institutrice qui lui préfère de loin Sully, à qui elle loue son étage.
Une chose est certaine, cet homme presque parfait ne peut être Big Jim, le père décédé alcoolique et violent de Sully, qui lui voue une haine et une rancœur tenaces.
Ça en fait des hommes presque parfaits potentiels pour une petite ville comme North Bath !
C’est leur vie à eux tous que Richard Russo va chroniquer, leurs relations et toutes ces petites choses qui animent la vie d’une communauté telle que Bath.
Et il y a bien sûr des femmes dans cette petite ville, des femmes qui prennent la vie à bras le corps, des femmes fortes pour la plupart, qui font tourner le monde... et les têtes.
Dans Nobody’s Fool, il est donc beaucoup question d’amour : celui des couples légitimes (Ralph/Vera, Carl/Toby, Ruth/Zack, Rub/Bootsie) ou non (Sully/Ruth, Peter/Deirdre), l’amour filial (Big Jim/Sully, Peter/Sully, Peter/Ralph, Sully/Will), l’amitié amoureuse (Rub/Sully), l’amour platonique (Sully/Toby)...
Il est aussi question de la descendance, de ce que l’on laisse de soi aux générations suivantes, de l’inné et de l’acquis, de l’histoire familiale qui se répète... ou non.
Pardon, résilience, expiation, réparation... Nobody’s Fool m’a semblé plus sombre et mélancolique que Everybody’s Fool. Ça ne veut pas dire pour autant que le récit est plombant, loin de là. C’est impossible avec le sens de la répartie dont fait preuve Russo à travers ses personnages. Saupoudrés d’un peu d’humour noir, les dialogues qui fusent et les répliques qui font mouche arrachent au lecteur plus d’un sourire au cours de la lecture.
C’est drôle, c’est triste, c’est touchant, c’est très humain et j’adore ça.
Une dernière chose, même si ça n’entache en rien le plaisir de la lecture, je conseillerais tout de même de lire les deux romans dans leur ordre chronologique de narration et de parution. (pour qui ne saurait pas de quoi je parle, se reporter à l’introduction de ce billet !!!)
Nobody’s Fool - Extraits
J'ai l'immense plaisir de partager cette lecture avec la crème des blogueuses, à savoir (dans l'ordre alpha) : A_girl_from_earth , Electra, Ingannmic, Marie-Claude. Merci à elles de me supporter et de m'avoir inclus dans l'aventure !
* * * * * *
« J'ai pris un immense plaisir à lire tranquillement ce gros roman, où l'auteur sait donner les détails quand il l'a décidé, il faut lui faire confiance. Ce pourrait être désespérant, mais non, on a toujours un petit sourire -tendre- posé sur le visage. » KeishaJ’ai été surpris de constater, en recherchant dans les blogs amis, de ne pas trouver plus de billets consacré à ce roman en particulier, pas même chez Cuné qui est pourtant l’instigatrice de mon goût pour Russo.
et d’autres pointures dans le casting. La bande-annonce semble plutôt fidèle à l’esprit du roman.
Richard Russo - Nobody’s Fool (Vintage, 1994)
La crème des blogueuses aime Russo, c'est à cela qu'on les reconnait!!! (moi z'aussi, d'ailleurs je suis en train d'en lire u n autre)
RépondreSupprimerTu lis lequel ?
Supprimer"C’est drôle, c’est triste, c’est touchant, c’est très humain et j’adore ça" oui oui ! oh je suis curieuse pour le film du coup !
RépondreSupprimerOui, moi aussi... même si le casting ne correspond pas à l'idée que je m'étais faite des personnages.
SupprimerJ'adore aussi Richard Russo ! (cela me fait-il figurer dans la "crème" ?) Mais figure-toi que je n'ai toujours pas lu ce roman, alors que je me suis régalée de la suite... Bah, je remonterai volontiers dans le temps avec ces personnages !
RépondreSupprimerA dire vrai, si Ingannmic ne m'avait pas proposé cette LC, je ne suis pas certain que j'aurais fait le voyage dans le temps aussi rapidement. Mais ça vaut le coup, tu verras...
Supprimer(et tu sais ce qu'il en est de la crème : il y en a toujours un peu qui déborde de tous les côtés ;) )
Comment faire l'impasse sur cet auteur après de tels articles ? Russo sera mon auteur de 2020.
RépondreSupprimerAllez, tope-là ! Et si tu es partante, on pourrait même se faire une LC avec la fine équipe sur un titre qu'on n'a pas déjà lu ;-)
SupprimerMais je suis prête à supporter une LC par semaine avec toi, si c'est pour me voir qualifiée de "crème des blogueuses" (tu sais parler aux femmes, toi..). Une fois de plus ravie de cette expérience, ce Russo est un grand (dire qu'avant cette année je le fuyais comme la peste à cause de la consonance de son nom qui m'évoquait Guillaume Musso... quelle truffe !). Et tu es bien meilleur que moi en arithmétique, j'ai cru pendant toute ma lecture que ce roman se déroulait vingt ans avant A malin, malin et demi...
RépondreSupprimerOn remet ça quand tu veux !
Ah ah, t'es gentille, mais je serais bien incapable de tenir le rythme d'une LC par semaine !!!!! Je ne te jetterai pas la pierre pour Russo/Musso, j'ai moi-même des réticences qui ne sont guère rationnelles pour certains auteurs....
SupprimerÇa sera un plaisir de remettre le couvert en ta compagnie un de ces jours ;) ... d'ailleurs, il y en déjà une LC de prévue pour mars, si je ne m'abuse.
Oui, oui, oui, c'est bien noté pour moi aussi ! Et si Krol est partante pour découvrir Russo en LC, je suis bien sûre d'accord pour vous accompagner...
SupprimerEt bien pourquoi pas ? Je ne fais guère de LC parce que j'ai du mal avec les contraintes mais ainsi, nulle possibilité de reculer pour découvrir Russo.
Supprimer@Krol : les contraintes et moi, surtout dans le cadre des loisirs, ça fait deux. Mais si j'y arrive sans dommage, tu ne devrais pas avoir de problème. Ingannmic est très arrangeante avec les délais :D
Supprimer@ Ingannmic : yapuka décider du titre, voir si d'autres veulent se joindre à nous... et fixer une date
Je suis aussi partante!
SupprimerJe viens d'aller lire quelques avis sur ses autres titres, et Le pont des soupirs semble se détacher (plusieurs lecteurs expriment des bémols sur Mohawk et Les sortilèges du Cape Cod). Si ça vous dit, on peut donc partir sur ce titre, et fixer une date vers la fin mars, pour ne pas se mettre trop de pression ?
Supprimer@Ingannmic : ça, c'est ce qu'on appelle battre le fer etc. etc. !!! Le Pont des Soupirs me va. Si certain(e)s l'ont déjà lu, je serais aussi partant pour Ailleurs. Comment fait-on pour mettre tout ça "au propre" ? Tu fais un billet spécial pour les inscriptions ? Je le fais ?
SupprimerJe peux le faire si tu veux, j'ai un billet prévu pour demain, je le ferai donc paraître le 25.. et du coup on peut demander aux personnes intéressées de choisir entre ces deux titres.
SupprimerC'est comme tu veux, mais je ne veux pas te compliquer la tâche inutilement. Le Pont des Soupirs me semble parfait.
SupprimerÇa n'a rien de compliqué, t'en fais pas !
SupprimerPour moi il est parfait ce Sully. Le genre de personnage qui ne s'oublie dans une vie de lecteur, un peu comme le Ignatius Reilly de la Conjuration des imbéciles .
RépondreSupprimerAh, malheureux, ne me parle pas de La Conjuration des Imbéciles !!!! Si Ignatus Reilly est effectivement un personnage qui aura marqué ma vie de lecteur, ça ne sera certainement pas pour les mêmes raisons que ce bougon et borné Sully :-)
SupprimerChaque fois que je vois un billet sur ce roman, je me dis qu'il faut absolument que je lise les deux .. Je revendique une larmichette de crème parce j'ai lu et beaucoup aimé "Ailleurs".
RépondreSupprimerAh mais, non seulement c'est la période de fêtes , donc on peut se laisser aller à des excès de crème, mais en plus Ailleurs est un de ses livres que j'aimerais lire prochainement ;)
Supprimer"C’est drôle, c’est triste, c’est touchant, c’est très humain et j’adore ça." Mais oui, moi aussi ! Et je crois que c'est pour ça que les romans de Russo nous parlent aussi fortement. Comme j'écrivais à Ingannmic, vous m'avez bien donné envie de lire ce roman maintenant ! Bon, vu mon planning, ce sera probablement dans plus de 6 mois, du coup peut-être que le souvenir du deuxième volet sera moins présent et que j'apprécierai vraiment pleinement ce roman sans être trop parasitée par la comparaison.
RépondreSupprimer(et merci pour la crème ;) )
Dis donc, 2020 n'est même pas commencée que ton planning me semble déjà bien chargé ! Mais même d'ici 6 mois, le plaisir de retrouver Sully et sa bande sera intact, tu verras.
SupprimerEnfin eu du temps pour te lire. Et je suis ravie de ce billet! Nous sommes unanimes, on dirait bien. La belle affaire. Mais comment aurait-il pu y avoir du tirage de cheveux ou du crêpage de chignon avec tous ces personnages?
RépondreSupprimerTu as des réticences pour certains auteurs? Dis-moi! Je me confesse: je mettais dans le même bain Russo, Dubois, Douglas Kennedy. Je m'étais mis un doigt dans l'oeil avec Dubois (fan, je suis), idem avec Russo. Me restera plus qu'à tenter le coup avec Kennedy. Mais là, je crains que ça ne passe vraiment pas...
La crème des blogueuses? C'est trop gentil, ça!
Je suis d'accord avec toi, vu les personnages, je ne suis pas étonné par cette déferlante d'enthousiasme. Et pourtant, il me semble que Russo ne jouisse pas d'une popularité à la hauteur de son talent, que ce soit ici ou aux USA...
SupprimerRien que dans les exemples que tu cites, il y a D. Kennedy qui, malgré sa bonhommie, ne m'inspire pas plus que ça et Dubois, que je n'ai toujours pas testé malgré ton récent crush (et son Goncourt)... et il y en a des tas comme eux....
J'ai découvert cet auteur l'an dernier avec un cerfeuil de nouvelles que j'ai adoré. Je compte bien le relire alors cette série (à lire dans l'ordre donc) me tente bien.
RépondreSupprimerParfois la technologie a du bon, et la saisie automatique nous réserve de jolies surprises :D
SupprimerPlus sérieusement, ce diptyque est une très bonne entrée dans l'univers romanesque de Russo. Et comme tu as déjà aimé ses nouvelles, tu devrais te régaler.