Guacamole Vaudou - Fabcaro & Eric Judor

 

Les histoires à l’eau de rose, les héroïnes naïves et les intrigues cousues de fil blanc du roman-photo ont envahi la France des années 60/70.
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que certains s’emparent du phénomène pour mieux le détourner, comme notamment Wolinski et le professeur Choron dans leurs parodies trash pour Hara-Kiri. Dans un registre plus spirituel, déjà au Seuil, c’est la plasticienne Clémentine Mélois qui, dans Les Six fonctions du langage, s’est prêtée l’an dernier au jeu du détournement.

Aussi quand le roi de l’absurde – Fabcaro – s’associe à un autre roi de l’absurde – Éric Judor – pour faire un sort à cet archétype du kitsch, on est en droit d'espérer trouver en Guacamole Vaudou une petite pépite.
D’autant que Fabcaro, le roman-photo, il connaît bien : non seulement la technique de découpage de ses récits s’apparente souvent à celle du roman-photo, mais il a déjà touché, avec brio, au genre (dans sa version dessinée) avec Et si l’amour c’était aimer ?

Guacamole Vaudou concentre tous les codes du genre : un scénario des plus légers, des expressions faciales outrées dignes du cinéma muet, des décors et des vêtements tout droit sortis d’un vieux catalogue Manufrance. Pour le reste, c’est une suite de situations toutes plus hénaurmes les unes que les autres. 


Absurde : 10 - Finesse : 0.
Dans cette ambiance de kermesse de fin d’année scolaire, je ne doute pas que toute l’équipe a passé un bon moment de franche rigolade lors des séances photos. Mais tout est tellement gros et convenu qu’ils n’auront même pas réussi à me décrocher le moindre fantôme de sourire.C'est sans surprise.
Au mieux, on peut s’amuser à essayer de reconnaître quelques guest-stars (dont Clémentine Mélois et Fabcaro himself) sous leurs déguisement et leurs grimages. 

En revanche, ne perdez pas votre temps à chercher le second degré. Fabcaro nous a habitué à plus subtil. Il faut croire qu'en cette période de pénurie, il avait besoin de liquidités pour offrir du foin frais à son âne. 

Guacamole Vaudou - Feuilleter quelques pages

Fabcaro & Éric Judor - Guacamole Vaudou (Seuil, 2022)

Commentaires

  1. Ha bon, dommage. On a vraiment l'ambiance romans photos.

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  2. je viens de lire la planche et effectivement, pas un seul sourire .. comme quoi la forme peut jouer car moi je ris en lisant les BD de Fabcaro !

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    1. Je ne pense pas que le problème vienne de la forme car Fabcaro a su être drôle (et surtout plus fin) dans Et si l'amour c'était aimer ? C'est juste qu'ici, ce n'est ni original, ni subtil. Du potache bien lourd, qui tâche.
      En même temps, de tous les retours que j'ai pu lire sur les réseaux, je n'en ai trouvé qu'un qui soit déçu comme je le suis...

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  3. Réponses
    1. Tu le sais certainement si tu es une fidèle de Fabcaro, il a fait une sorte de gimmick de son âne et de ses passages chez la fermière acariâtre qui lui vend son foin 👩‍🌾

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  4. Alors, tu ne les trouveras pas sur le net, mais ton commentaire rejoint complétement ceux que j'ai entendus au salon du livre d'étonnants voyageurs le week end dernier , du coté des quelques lecteurs qui dissuadaient les autres de l'acheter ...

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    1. Voilà qui me rassure un peu... J'ai craint d'avoir viré pisse-vinaigre 🥴 à force de croiser ce genre de formules : "Vous pouvez rire tout seul pendant très longtemps en lisant Guacamole Vaudou." (Olivia de Lamberterie Télématin), "Rien lu de plus drôle depuis longtemps." (François Léger, Première), "Un livre hilarant." (Valentin Pérez, Le magazine du Monde), sans parler de tout ces posts.

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