Et si l’amour c’était d’aimer, Fabcaro


Mon idylle d’été avec Fabcaro (suite et fin… pour le moment)
Puisque, au contraire de tous mes pronostics, j’avais adoré Zaï zaï zaï zaï, je ne voyais pas pourquoi il n’en serait pas de même avec Et si l’amour c’était d’aimer ?

Nous Deux, Intimité, Confidences… Quand je me trouvai à court de lecture lors de mes vacances, j’allais piocher dans la pile de magazines féminins de ma grand-mère pour y lire les nouvelles romantico-sentimentales et les interviews des vedettes (les moins subversives) du moment.
Si je ne lisais pas les romans-photos dont je trouvais l’esthétique trop austère (noir & blanc, phylactères angulaires, typo machine à écrire), je ne me privais pas de les feuilleter car j’étais certain d’y trouver des photos de beaux bruns ténébreux, parfois torse-nu dans ce qui se rapprochait le plus près d’images pornos pour le gamin que j’étais.

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Dans ce nouvel opus, Fabcaro s’empare de l’esthétique et de la trame narrative propres aux romans-photos pour mieux les atomiser.
- Mes amis, je crois qu'au fond rien n'est plus beau que l'amour... Il ne nous reste plus que ça... On n'a rien, on ne sert à rien, on ne va nulle part, rien n'a de sens... Dans cinquante ans on est morts, on n'existe plus, on est dans un trou et ce qu'on aura vécu n'aura rien changé à rien et nos enfants mourront à leur tour et leurs enfants ensuite, et dans cinq milliards d'années le soleil s'éteindra et tout ça aura été vain et dérisoire.

À partir de l’archétype du scénario à l’eau de rose, il (dé)tourne en dérision les clichés et poncifs inhérents au genre : l’harmonie d’un couple sans histoire se voit menacée par l’irruption d’un jeune livreur… de macédoines (!) avec lequel la femme va vivre une relation illicite ardente et passionnée.
« Mais la vie est-elle toujours du côté de l'amour ? La passion n'est-elle pas qu'une feuille morte emportée par une brise d'automne ? L'arc-en-ciel des sentiments ne finit-il pas toujours par disparaître derrière le nuage de la réalité ? »

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Forcément, avec Fabcaro, la romance en prend pour son grade, la guimauve a tôt fait d’être balayée d’un revers de main par des considérations bien plus prosaïques, des situations absurdes et parodiques qui donnent à lire des scènes surréalistes d’une drôlerie imparable.
- Vous savez, je sors d'une histoire sentimentale un peu compliquée...
- C'est à dire?...
- Elle était vendeuse à Nature & Découvertes...
- Je suis désolée...
- Vous ne pouviez pas savoir... Mais tout cela est derrière moi à présent...

– Sandrine, quand allez-vous quitter votre mari ?
– Michel, ça n’est pas si simple… On a le crédit de la Mercedes, un Plan Epargne Logement à La Poste, et puis… j’ai peur de faire souffrir les enfants…
– Les enfants ?? Mais vous n’en avez pas…
– Oui non mais les enfants en général je veux dire.
– Qu’importe, je vous attendrai le temps qu’il faudra…
– Oui, on a l’éternité devant nous.
– Ah… moi je pensais plutôt à genre 15 jours…
– Moi aussi je brûle d’impatience, mais notre histoire est inéluctable, nous sommes liés, rien ne pourra jamais se mettre en travers de notre amour…
– Sandrine… Je nous vois déjà dans les allées d’IKEA en train de noter des références de tables basses…
– Michel, on se fait du mal.

« Comment dire… Tu sais Bruno, l’amour est une chose fragile et insaisissable… Un jour elle est là, comme un poney qui galope dans l’enclos des jours heureux, et puis un jour, pof, elle a disparu, elle s’est échappée et s’est fait écraser par une voiture de location sur la piste d’aéroport de la vie…
Alors le poney n’existe plus, on croit qu’il est encore là parce qu’il survit dans nos cœurs, mais en réalité il est mort, son âme s’est envolée vers l’arc-en-ciel de l’indifférence, tu comprends ?… »

« Comment dire ? Tu sais Bruno, l’amour est une chose éphémère et imprévisible… Comme un petit oiseau fragile qui fait du moonwalk dans l’aquarium du bonheur, et puis un jour le courant d’air de la fatalité ouvre la baie vitrée du destin, et le petit oiseau s’échappe et se fait écraser par un catcheur argentin sur le ring de la lassitude. Alors les employés municipaux Cotorep des sentiments viennent nettoyer et jeter le cadavre tout écrabouillé dans la poubelle des souvenirs mitigés et du soulagement… Tu comprends ? »


*   *   *   *   *   *   *

« Façon roman-photo hyper réaliste, avec des dialogues parfois absurdes, j’ai ri et souri en lisant cette histoire d’amour qui aurait pu être tragique. »   Alex

« Sur le modèle du roman-photo, Fabcaro tourne en dérision ces codes formatés pour s'interroger sur le sentiment amoureux. Si les clichés et les métaphores sont ceux des romans à l'eau-de-rose avec le beau ténébreux et les coups de foudre, le premier rendez-vous très cocasse se fera au ... zoo. Le monde du travail se fait aussi éreinter au passage avec ces brainstormings vains, tout comme les prétendus chansons à texte d'artistes engagés.. »   Hélène

« Chaque page est un petit bijou de drôlerie, que dis-je chaque page, chaque image ! Après je pense qu’il faut tout de même avoir un fond de cynisme et un certain goût pour l’humour décalé pour goûter cette pépite, mais si c’est votre cas, foncez, vous ne le regretterez pas ! »   L'Irrégulière

« C’est un festival de la première à la dernière page. Et d’ailleurs le tour de force est là. Trouver une chute hilarante ne relève pas de l’exploit mais en imaginer une à chaque planche sans jamais que le niveau baisse d’un millième, c’est inespéré. Attention, il faut aimer l’absurde, le non-sens et  l’humour parfois très noir. »   Jérôme

« J’avais découvert Fabcaro avec Zaï zaï zaï zaï que j’avais adoré, et je suis un peu moins emballée cette fois, même si l’on retrouve bien le côté complètement barré de l’auteur, un grand n’importe quoi qui part dans tous les sens, au énième degré de l’absurde. »  Laure

« Chaque page est un petit chef d’œuvre d’humour, mais peut-être un peu trop le même esprit de dérision à chaque fois. Légère critique de ma part pour un album que j’ai adoré, je conseille de le lire à petites doses. J’aimerais le savoir par cœur certaines répliques pour pouvoir faire rire mon entourage. »   Luocine

« C’est hilarant au possible et très efficace. Difficile de résister à l’humour déjanté de cette histoire succulente et kitsch à souhait. »   Mes Échappées Livresques

« Oh le con » a été la phrase que j’ai citée plusieurs fois durant ma lecture et ceux qui me connaissent savent que de ma part c’est un compliment! Chaque planche regorge de dialogues exquis et surréalistes. Comment est-il arrivé à pondre un objet littéraire si décalé ?! »   Mes Pages Versicolores

« Le scénario surprend à chaque page. Les personnages lâchent dans l’air des répliques absolument hallucinantes et absurdes. Les répliques et les scènes de l’album sont aussi impensables qu’explicites. L’effet comique fonctionne à chaque fois pour peu qu’on aime cet humour braque. »   Mo

« Un Fabcaro à son meilleur, totalement absurde, absolument foutraque, complètement hors des clous, qui s’amuse à piétiner joyeusement les références cu-cultes des romans à l’eau de rose tout en faisant un clin d’œil appuyé aux romans-photos typiques des années 80. Le point de départ d’une grosse poilade qui risque bien de vous faire perdre toute crédibilité en public…! »   Noukette

« Et nous voilà embarqués dans une histoire à l’eau de rose loufoque où règnent l’infidélité, les intrigues et les rebondissements dans la pure logique du genre mais avec un décalage et un humour qui font un bien fou. »   Le Petit Mouton

« Fabcaro donne dans la parodie de romans-photos avec cette bande dessinée qui se prête très bien à l’exercice puisque qu’il s’agit dans les deux genres de suites d’images avec des dialogues en phylactères. On pense également aux séries télé romantiques aussi débiles que romantiques. Il se repaît  dans le cliché de drague et d’histoire d’amour préfabriquées qui ne manquent pas de situations stéréotypées. Du coup, c’est parfois cruel mais tellement parodique que même les amoureux tout frais ne pourront que rire. »   Sandrine

Fabcaro - Et si l’amour c’était d’aimer (6 Pieds Sous Terre, 2017)

Commentaires

  1. Ton idylle avec Fabcaro n'est-elle pas en train de tourner à l'histoire d'amour ? ;-)

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    1. ...ou à de la rage ! Mais, maintenant que je me connais un peu mieux, je pencherais plutôt pour un nouvel intérêt spécifique :-D

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    1. Un regard un peu désabusé sur le romantisme et l'amour à l'eau de rose.

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  3. Une belle surprise très originale !

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  4. Surréaliste, c'est le mot juste :-)

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    1. Si un éditeur lance une nouvelle revue de romans-photos à la sauce Fabcaro, je m'abonne immédiatement !

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  5. Hé oui, ce Fabcaro est un tueur!

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  6. S'il tombe sur mon chemin, je vais craquer!

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    1. Si tu aimes l'humour xième degré, tu vas te régaler !

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  7. c'est tellement gros qu'on adore! Je suis fan aussi mais ma préférence va à Zaï zaï zaï

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  8. Il faudrait que je le lise celui-là !

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    1. Si tu as aimé les autres, il ne faudrait surtout pas passer à côté de celui-là :-)

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  9. Je l'ai repéré mille fois. Il faut que je le trouve à la bibli !

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    1. Si les quelques extraits t'ont plu, tu DOIS mettre la main dessus au plus vite, car tu vas passer un bon moment !

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