Récap' de janvier 2024


Retour rapide sur le début d’année.
Période particulière dans le sens où, pour la plupart, ces lectures ont été choisies par défaut plus que par réelle envie. Toujours en rade de liseuse, j’ai ressorti des livres en souffrance (certains depuis plusieurs années) ou d’autres que j’avais sous la main.
 
*   *   *   *
En janvier, j’ai enfin terminé Dispersés par le vent, de Richard Flanagan qui m’avait occupé une bonne partie de décembre. 
Pas par manque d’intérêt, loin de là. C’est vrai que le récit de cette relation père/fille, sur laquelle pèse l’absence de la mère, est lent, mais c’est aussi ce qui participe au charme de cette histoire bouleversante et mélancolique.
 
J’ai poursuivi avec La panthère des neiges, qui m’avait été offert au moment de sa publication et qui dormait depuis dans la bibliothèque. 
À force de voir l'auteur rangé au rayon « Écrivains voyageurs » de plusieurs librairies, je m’étais imaginé autre chose que ce que j'ai trouvé dans ce livre. En fait, plutôt qu'un récit centré sur la traque de la mystérieuse panthère, il s’agit surtout d’une somme d’observations que la situation inspire à l’auteur sur la société, la place de l’homme dans la nature, les dégâts causés par la civilisation…
Ce fut donc pour moi la découverte de la plume de Sylvain Tesson, souvent à l'honneur de la blogosphère, notamment depuis Dans les forêts de Sibérie. Malgré de nombreuses références culturelles à l’appui, j’ai trouvé la réflexion pleine de poncifs et très simpliste. J’avoue que j’ai du mal à comprendre le succès de ce livre…

Il y a une vingtaine d’années, j’ai suivi assidûment, et avec plaisir, les débuts de Philippe Besson en littérature. Comme l’amoureux (qui lit peu) s’est pris d’une envie de découvrir l’auteur après avoir vu l’adaptation ciné de Arrête avec tes mensonges, j'en ai profité pour piocher dans sa réserve, avec l'envie de goûter à nouveau aux plaisirs passés.
Première (mauvaise) pioche, Paris-Briançon. L'entrée en matière est on ne peut plus monotone et plate. Un chapitre est dédié à chacun des différents protagonistes, présentés les uns après les autres aussi factuellement qu’un compte-rendu d’audition par un fonctionnaire de la police nationale (les fautes d’orthographe en moins, c'est toujours ça de gagné). Le temps d’un trajet en train de nuit tout ce beau monde va se côtoyer... jusqu'à ce que survienne enfin le drame qui nous est promis à fréquence régulière depuis les premières pages.
Mais le pire reste quand même le casting « inclusif » digne d’un cahier des charges de téléfilm pour chaîne télé. Pour plaire au plus grand nombre, on ratisse large tant en termes de tranches d’âges (des retraités, une mère célibataire, des étudiants, des quadras) que de typologies sociales (médecin, voyageur de commerce, sportif, ex-syndicaliste). À trop vouloir tirer sur la corde sensible et coller à l’époque, on tombe forcément dans la caricature : le retraité a un cancer en phase terminale, les jeunes sont fumeurs de joints, la mère célibataire est une femme battue en fuite avec ses deux enfants en bas âge, le médecin est un homo qui s’assume et le sportif un homo refoulé (et surtout pas l’inverse), le commercial est un beauf baratineur.
Assommant de clichés. Aucune profondeur. Zéro émotion. À l'inverse du souvenir que je gardais des premiers romans de Philippe Besson... mais à l'image de ceux que je garde des récits lus dans les Nous Deux de ma grand-mère.

 
 
À la suite de mon billet sur Son odeur après la pluie, Cathulu m’avait confié avoir préféré de loin l’album que François Schuiten a dédié à Jim, son chien décédé. J'étais passé à côté, aussi cela m'a donné un prétexte pour une virée en librairie.
Là où Cédric Sapin-Defour évoque volontiers les aspects les plus prosaïques de sa relation avec son chien et s’applique à ciseler son écriture, Schuiten travaille à l'économie de mots et vise le sensible, le suggéré.
Pour évoquer cette relation si particulière, la complicité et le poids de l’absence, les deux approches sont complémentaires et m’ont ému chacune à sa façon.

A voice is a person est le court essai d’un fan de la contralto britannique Kathleen Ferrier (peu féru d'art lyrique, je n'avais jamais entendu son nom). Orthodontiste de profession, Boris Terk livre là une réflexion sur la voix (faisant appel à des notions pointues d’anatomie, de morphologie, d’acoustique, d’orthophonie…) : la voix reflet de l’être, la voix de la femme dans les religions...
Une petite curiosité sans doute trop savante pour moi mais pas désagréable, ma foi, que je n’aurais certainement jamais lue si je ne l’avais dénichée dans une boîte à livres.

De la même boîte à livres, j’avais également sorti Birthday girl, qui est donc « mon premier Murakami ». Cette très courte nouvelle extraite du recueil Saules aveugles, femme endormie me semblait être une bonne introduction dans l’univers de l'auteur. Car si je n’avais jusque-là jamais lu Murakami, c’est que j'ai du mal avec les ambiances mi oniriques mi fantastiques qui sont sa marque de fabrique.
Peut-être à cause de la brièveté du texte, ici l’aura de mystère qui nimbe l'histoire ne m’aura pas dérangé ; pas plus que le fait qu'elle n’a pas de chute, ou plus exactement qu’elle en a potentiellement autant que l’imagination du lecteur le lui permet.
Cette édition en 10/18 est accompagnée d’illustrations de Kat Menschik, artiste allemande que je ne connaissais pas (et imprimée sur un papier glacé dont les reflets rendent la lecture du texte inconfortable).


 
Jusqu’où peut aller l’amour d’une mère pour son fils ? À quelles extrémités cela peut-il conduire ce couple singulier ? Un tel amour fusionnel ne serait-il finalement pas une forme d’emprise ? Autant de questionnements dans lesquels m’a plongé Périandre, d’Harold Cobert, autre roman qui m’avait été offert à sa sortie et qui attendait son heure.
Parallèlement à l'évocation du mythe antique de Périandre se déroule le récit d’une relation toxique et dysfonctionnelle entre une mère ogresse et son rejeton vampire, liés par une adoration incestueuse qui ne laisse aucune place de part et d’autre à un.e éventuel.le conjoint.e.
Je suis incapable de dire si j’ai aimé ou non ce roman. Ma seule certitude : une sensation de malaise toujours vivace dans mon esprit.
 
Une fois le livre refermé, l’envie de « plus léger » s’est fait ressentir. J’en ai donc profité pour m’embarquer dans les nouvelles aventures d’Astérix, L’iris blanc. Je connais très mal le petit gaulois, mais j’avais envie de voir ce que ça pouvait donner avec Fabcaro aux manettes.
Le lectorat d’Astérix dépassant largement le seul cercle du jeune public, je m’attendais à une histoire offrant plusieurs niveaux de lecture. Malheureusement, le scénario très mince est sans grand intérêt ; c’est tout juste si quelques vannes m’ont arraché l’ombre d’un demi-sourire. En ce qui me concerne, Fabcaro n'a pas fait de miracle.
 
Le passage de janvier à février s'est fait en compagnie de La fin des nuages, de Mathieu Simonet, dont il sera question prochainement.


Commentaires

  1. Bien d'accord avec toi au sujet de La panthère es neiges (le livre) mais tâche de voir La panthère des neiges (le film) où Tesson doit se calmer et se taire, sous la houlette d'un pro!
    Mais Kathleen Ferrier c'est THE contralto!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le film de Vincent Munier me tente pas mal, c'est vrai.
      Pour Ferrier, tu vois, je n'ai pas menti : je n'y connais rien (ou pas grand-chose) en art lyrique 😕

      Supprimer
    2. Oui, le film est à voir (mais c'est mieux sur grand écran).. bon, je sors de cette chronique ravie de t'avoir lu (tu m'as bien fait rire avec tes comptes-rendus d'audition de police) mais les mains vides, et c'est tant mieux, j'ai pris la bien difficile décision de consacrer mon année à faire baisser ma (mes) pile(s) existante(s)...

      Supprimer
    3. Honnêtement, tu ne perds rien à repartir les mains vides cette fois-ci (et si je ne confonds pas, tu as déjà lu le Flanagan, qui mérite le détour). En tout cas, bonne chance (et bon courage 😉! ) pour ta bonne résolution de l'année !

      Supprimer
    4. Oui, ta mémoire ne te fait pas défaut, j'ai lu le Flanagan, qui m'a séduite presque à mon insu... j'ai beaucoup aimé.

      Supprimer
    5. C'est exactement ça ! Tu exprimes parfaitement ce que je n'arrivais pas à formuler : moi aussi, ce roman m'a "séduit presque à mon insu".

      Supprimer
  2. Contente que tu aies aimé "Jim" ! Tu m'épargnes la lecture de Besson. Quant à Tesson, la lecture d'un recueil de nouvelles paru il y a quelques années m'avait dégoûtée du bonhomme: macho misogyne pouah !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai beaucoup aimé Jim et je t'en remercie, car sans toi, je ne sais pas si j'aurais croisé sa route un jour (ce qui ne gâche rien, l'album est un très bel objet).
      J'en dirai un peu plus sur Besson dans un prochain billet car après cet accident de parcours, j'ai persévéré.
      Quant à Tesson, l'image que j'en ai eu après la lecture de ce livre c'est celle d'un milliardaire américain qui traverserait un bidonville de Mumbai au pas de course, en s'apitoyant au passage sur la pauvreté des habitants tout en faisant bien attention de ne pas bousiller sa paire de chaussures de marque à 2 000 $ en évitant les flaques d'eau fangeuse.

      Supprimer
  3. Je suis très contente de te lire ! Et totalement d'accord pour Tesson, qui m'a énormément agacée avec "Dans les forêts de Sibérie" et ses clichés égrenés par un gosse de riche qui se permet de faire partager ses leçons entre deux vodkas !
    Quant à Besson, j'en ai lu deux qui ne m'ont pas marquée plus que ça... et suis passée à autre chose.
    N'hésite pas relire Murakami, dans d'autres nouvelles ou un format un peu plus long ! (pas directement les pavés, tout de même)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Anonyme, c'est Kathel, désolée !

      Supprimer
    2. Ah, merci Kathel de préciser que c'est toi l'anonyme du jour 😜. Ces derniers temps, j'ai eu plusieurs messages provenant d'"anonymes" et je ne sais pas s'il s'agit de familiers qui ont eu un bug de connexion ou de réel.le.s anonyme.s. Dans ces cas-là, je reste sur la réserve dans mes réponses, pour ne pas risquer de blesser involontairement.
      Je constate qu'à partir de deux lectures différentes, on est raccord sur l'image qu'on s'est faite de S. Tesson.
      De Besson, je garde un très bon souvenir de romans comme Son frère, Un garçon d'Italie, ou Les Jours fragiles.
      J'ai dans ma bibliothèque Underground, que ma sœur m'avait offert, mais si je relis Murakami, ça ne sera pas encore avec ce titre car il me semble encore plus atypique que les autres.

      Supprimer
  4. ah super de te retrouver ! oh désolée pour ce bilan mi-figue mi-raisin en espérant que février et mars soient meilleurs ! j'ai ri quand tu as parlé de ta déconvenue avec Tesson car comme toi je ne l'avais jamais lu, et je vais donc continuer à ne pas le lire. Pour les fautes d'orthographe, je confirme - ma tante avait eu une aventure identique et quand il lui avait donné le document à relire et à signer, elle avait dit "avant, je corrige les fautes" il avait pas apprécié !! bon allez, moi je lis encore et toujours .. enfin ! j'emporte ma liseuse en voyage ce soir avec le câble de chargement ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Attention spoiler : février a été à peine mieux 😄 (mais au moins il y a eu un gros coup de cœur).
      Je suis comme le corbeau de la fable : on ne m'y reprendra plus, en mai, moi aussi j'emporte mon câble de chargement… même si ma batterie affiche 100 % !!! 😂😂 En tout cas, bon voyage ! (histoire de me faire saliver, tu pars où, si c'est pas indiscret ?)

      Supprimer
  5. Contente de retrouver un de tes billets, même si ta pioche n'a pas été extraordinaire.. mais bon, je vois qu'il y aura quand même un coup de coeur en février.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Effectivement pas de grands enthousiasmes, mais pas que du négatif, non plus… Beaucoup de découvertes avec leur lot de surprises, bonnes et moins bonnes. En attendant le beau coup de cœur à venir 🤫

      Supprimer
  6. Je suis d'accord avec toi concernant le dernier Astérix, Fabcaro a été hyper décevant sur ce coup-là (peut-être que le cahier des charges de l'éditeur ne lui a pas donné autant de liberté qu'il l'aurait souhaité cela dit).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. De la part de celui qui m'a initié à Fabcaro (si je puis me permettre)😉), savoir que tu partages mon avis sur cet opus me rassure…
      Effectivement, il est fort probable qu'il n'ait pas eu toute latitude. Mais, je remarque aussi que Fabcaro n'est jamais meilleur que lorsqu'il est seul aux manettes. Jusqu'ici, je l'ai toujours trouvé moyen dans ses collaborations. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne me suis pas encore précipité pour aller jeter un œil à T'inquiète.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Si le post auquel vous réagissez a été publié il y a plus de 15 jours, votre commentaire n'apparaîtra pas immédiatement (les commentaires aux anciens posts sont modérés pour éviter les spams).