Récap' de février 2024


Deuxième partie de la récap du début de l'année.
Si vous l'avez ratée, la première partie est ici.
 
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Est-ce que le dernier souffle de son amoureux décédé a pu avoir un impact, tel le battement d’aile du papillon, sur le temps qu’il a fait à Paris quelques mois plus tard lors de l’événement culturel en plein-air dont il était le créateur ? D’ailleurs, à qui appartiennent les nuages ? Est-il possible de les maîtriser pour contrôler la pluie, avec toutes les conséquences géopolitiques, sanitaires et environnementales que cela implique ? Autant de questionnements enthousiasmants pour moi qui peux m'émerveiller des heures à regarder les nuages.
Inclassable, tenant à la fois du roman, de l’essai, du récit autobiographique, de la rêverie poétique, de l’hommage posthume, de la réflexion citoyenne, La fin des nuages, de Mathieu Simonet est un passionnant plaidoyer pour le statut et les droits du nuage - Simonet milite pour son inscription au patrimoine mondial (Libération lui a consacré un article ici) - combiné à un bouleversant récit du deuil.

Après l’accident de parcours (sans mauvais jeu de mots) de Paris-Briançon, le décalage était si grand avec le souvenir que je gardais des romans de Philippe Besson que j’ai persévéré avec Ceci n’est pas un fait divers.
Malheureusement, je n’ai pas été plus chanceux cette fois-ci. Je n’ai pas cru un instant à cette histoire qui surfe sur le fléau des violences conjugales, pas plus qu’à la relation entre le frère et la sœur ; tout y est trop clairement factice pour parvenir à émouvoir.

Après s'être retrouvé orphelin à 21 ans après avoir perdu à quelques années d’intervalle sa mère et son frère, puis son père, dans des accidents de voiture, on aurait pu croire qu’il avait largement payé son tribut au destin. Mais, des années plus tard, au mitan de la cinquantaine, c’est à un nouveau coup du sort qu’il doit faire face quand on lui diagnostique un cancer.
Jean-Philippe Blondel est de retour chez les libraires, avec Traversée du feu. Mais cette fois, l’histoire qu’il nous raconte, c’est son histoire ; il en est le personnage principal. Avec la sensibilité et la pudeur qu’on lui connaît, il retrace ce nouveau face à face avec la mort et le combat avec la maladie, évoque les réminiscences du passé, les remises en question et (ré)affirme sa soif de vivre.
Jean-Philippe Blondel se livre de façon lucide et très intime, mais sans exhibitionnisme, avec une pointe d'autodérision qui proscrit d’office tout pathos.
 
 
Parce que je n’avais pas dit mon dernier mot, retour à Philippe Besson.
Des trois livres extraits de la réserve de l'amoureux, Un soir d’été m’a semblé le moins raté. Quelques rares fulgurances m’ont ramené des années en arrière et rappelé ce qui me plaisait chez cet auteur, malheureusement sans suffire à sauver l’ensemble qui reste toujours en surface.
Pour dire les choses franchement, j’ai trouvé ces trois romans paresseux et, pire, complaisants pour les deux premiers. Je ne sais pas si c’est moi qui suis devenu pisse-vinaigre avec le temps ou si Philippe Besson s’est encroûté sur ses lauriers... Quoi qu'il en soit, j'abandonne définitivement ; ce n’est pas cette fois-ci qu’on verra rejaillir le feu de l'ancien volcan.

Plus réjouissant, Sur le bout des doigts, une BD découverte par hasard, à je ne sais plus quelle occasion.
Colin Atthar y partage des anecdotes sur son enfance dans le sud de la France, son appétit pour le dessin et sa « montée à Paris » pour y suivre des études dans une école d’art.
Avec sincérité et une certaine dose d’autodérision, rien n'est passé sous silence de ses goûts vestimentaires ou musicaux extravagants qui en font une cible toute désignée de moqueries et de harcèlement, de ses illusions vite envolées sur ses profs et camarades étudiants en art ou de sa quête identitaire un chouïa compliquée.
Ça pourrait être parfois pesant (et il y aurait de quoi), mais c’est enlevé et souvent drôle, le tout servi par une narration astucieuse et un découpage dynamique.
 
Pour finir, j'ai ressorti de mes étagères ma vieille édition de Set this house on fire, de William Styron, roman que j'avais commencé il y a près d'une trentaine d'années (!!! yessssss, ma'am !) et rapidement abandonné en cours de route. 
C’est vrai qu’il s’agit d’un sacré pavé où pullulent digressions et scènes, bourrées de descriptions détaillées qui s’étirent en longueur. Pour autant, j'ai envie de savoir où ça va me mener..
 

Commentaires

  1. Je te trouve bien courageux d'avoir autant persévéré avec Besson. Pour ma part, il y a longtemps que j'ai lâché l'affaire... En revanche, je suis très tentée par le bouquin de Simonet, parce que je suis amoureuse des nuages 😊.
    Et c'est toujours un plaisir de te lire .

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    1. Oh, Catherine, ça me fait tellement plaisir que tu sortes de ta retraite rochelaise pour venir faire un tour par ici.🥰
      Pour Besson, si j'ai persévéré, c'est surtout que je voulais savoir s'il ne s'agissait pas seulement d'un coup de mou passager (de ma part et de la sienne).
      Comme je l'ai dit, je garde de bons souvenirs d'anciennes lectures et il est encore aujourd'hui un auteur largement apprécié.
      J'avais besoin d'en avoir le cœur net, de "valider" ma première impression, et comme j'avais d'autres titres sous la main, j'en ai profité.
      En plus, ça se lit vite et il m'a suffit d'un aller-retour en train pour en liquider deux.
      L'amoureuse des 🌥️ que tu es ne peux pas passer à côté du livre de Mathieu Simonnet. C'est à la fois passionnant et diablement émouvant.

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  2. oh j'adore les nuages ! j'ignorais tout de ce livre. Encrouté sous ses lauriers le Besson ? Lol je comprends aussi ta volonté de voir si c'était juste un passage à vide... mais trois livres. Qu'en es-tu de ta liseuse ? je me demande car j'ai bien profité de la mienne à Berlin et là je lis un pavé, du coup en papier chez moi et sur ma liseuse le reste du temps. En tout cas ce fut un plaisir de te lire !

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    1. Ça y est, j'ai (enfin !) une nouvelle liseuse depuis quelques semaines. Cette période de sevrage forcé m'a fait prendre conscience de ce que la lecture y est pour moi combien plus confortable à bien des égards. Je reste très sensible à l'objet livre; il m'arrive encore souvent de craquer pour un livre joliment façonné, pour un livre que j'ai particulièrement aimé et dont je veux garder une trace physique ou un livre d'une (petite) maison d'édition indépendante. Mais la plupart du temps, la version numérique, bien plus pratique, me suffit amplement..

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