Comme à la guerre, Julien Blanc-Gras



Voilà un autre des livres de la pile que m’a offerte Sister pour mon anniversaire.
Une vraie surprise pour moi qui ne connaissait pas l’auteur... et pour elle, qui ne le connaissait pas plus et s’était laissée guider par les conseils du libraire.

Comme à chaque fois que je reçois un livre que je n’ai pas spécifiquement demandé, j’étais sur ma réserve. La couverture : bof bof. La 4e m’apprend qu’il y est question des attentats de 2015 : vraiment pas l’argument qui va me motiver...
Du coup, je l'ai négligemment stocké sur la pile de bouquins qui poireautent toujours à la tête de mon lit. Son heure viendrait bien. Un jour...

Et ce jour est arrivé.
Les grèves de janvier aidant, j’en ai profité pour "liquider" un maximum de livres papier, habituellement moins pratiques à lire et à transporter dans les transports en commun que la liseuse. Je suis donc allé piocher allègrement dans ma pile.



C’est donc sans réel enthousiasme, est-il besoin de le préciser, que j’ai entamé Comme à la guerre.

Et dès les premières pages, je me suis vu mal parti : j’imaginais mal supporter longtemps les états d’âme d’un bobo trentenaire sur les bouleversements que les attentats ont eu sur son quartier parisien branché. Quant à endurer son babillage gâteux sur les premiers exploits de son nouveau-né, merci bien ! On sait tous combien sont vite rasants les jeunes parents. (à tel point qu’on y regarde souvent à deux fois avant de les inviter)

Et puis, presque à mon insu, le déclic s’est fait. Le ton gentiment ironique, l’observation fine de la société, la pertinence du propos de Julien Blanc-Gras ont eu raison de mes renâclements.
Dès lors, j’ai pris un plaisir fou à écouter ce jeune papa s’interroger sur le monde dans lequel vient d’arriver son fils. La façon dont le terrorisme, et la menace permanente du terrorisme, a bouleversé le monde et modifié les rapports entre les gens. Comment ce sentiment d’être constamment agressé joue sur les comportements, pollue la communication et nourrit la peur de l’autre.
Dans ce climat de guerre qui ne dit pas son nom, l’auteur se demande comment ses deux grands-pères ont vécu les combats de la Seconde Guerre mondiale, comment cette expérience les a changés. Et pour dédramatiser tout ça, il chronique avec humour tous les avatars  inhérents aux premiers mois de l’arrivée d’un nourrisson dans un foyer.

Avec un sens de la formule impayable, Julien Blanc-Gras démontre qu’on peut être lucide sur la marche du monde en gardant un regard tendrement drôle. S’il nous parle de lui, des bouleversements qui impactent son existence de privilégié, comme je le craignais au début de ma lecture, il parle surtout de nous tous et du monde d’aujourd’hui qui est le nôtre.
Et c’est diablement réussi. Alors, toutes mes excuses, monsieur Blanc-Gras, pour vous avoir jugé trop vite.

Comme à la guerre - Extraits

 *   *   *   *   *   *   *
« Un livre agréable souvent drôle et parfois profond. Un livre de Julien Blanc-Gras en somme. »   Luocine

« On sourit beaucoup au fil de ces pages plutôt tendres grâce aux qualités d'observateur de l'auteur et à sa capacité à se moquer gentiment de lui-même. Mais on glane aussi quelque matière à réflexion, ce qui n'est jamais du temps perdu. »   Nicole

« "Comme à la guerre",  bien que très marqué parisien branché, reste agréable à lire, et décrit parfaitement son époque de l'intérieur. Julien Gras-Blanc a donc gagné son pari : offrir un journal que son enfant aura plaisir à relire dans des décennies... et sans doute d'autres lecteurs qui retrouveront l'esprit si particulier de ces années du début du 21ème siècle. »   Pierre

« Sur un ton tour à tour grave ou léger, Julien Blanc-Gras parle de transmission (héritage social, historique, mode de vie, idées) et de construction de soi (par les voyages, la découverte de l'autre avec tout ce qu'elle peut impliquer de positif - ouverture d'esprit- ou de négatif -racisme-) sans jamais juger. »   Virginie


Julien Blanc-Gras - Comme à la guerre (Stock, 2019)

Commentaires

  1. Je l'ai lu je ne me souvenais pas trop de quoi ça parlait.
    En revanche, si tu aimes le ton, jette toi (quand tu pourras) sur ses excellents récits de voyage, il est allé partout!!!

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    1. Pour le moment, grâce à la sélection des 30 romans gratuits Au Diable Vauvert, j'ai téléchargé son premier roman In Utero sur la grossesse de sa femme. Je vais voir si j'y prends autant plaisir...

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  2. Je n'ai lu que Touriste que j'avais trouvé parfait pour voyager dans son fauteuil, ce qui est parfaitement d'actualité ! (j'aime les vrais voyages, mais ses destinations ne seraient pas mes priorités, de toute façon). Quant à celui-ci pourquoi pas ? Les citations sont séduisantes !

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    1. J'aime aussi les voyages, mais malheureusement cette année, je crois bien qu'il faudra faire une croix dessus. En tout cas, celui prévu fin mai me semble déjà compromis et je ne pense pas que, si reprise il y a, ce soit simple de poser des dates qui conviennent... On verra.

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  3. On y retrouve visiblement certaines des thématiques qu'il aborde dans le seul récit que j'ai lu de lui, qui évoque la grossesse de son épouse (j'en ai oublié le titre...). Comme toi j'ai été un peu agacée au départ, et j'ai eu du mal à me retrouver dans les soucis de ce futur papa privilégié, et se focalisant sur des broutilles... Et comme toi, j'ai finalement passé un très bon moment, parce qu'il est drôle, tout en analysant les choses avec finesse, et qu'il sait faire preuve d'auto dérision... Ceci dit, ma première expérience, bien qu'agréable, ne m'a pas forcément donné envie de revenir vers cet auteur..

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    1. C'est justement ce roman de lui que tu as lu, In utero , que j'ai choisi dans la sélection "confinement" de Au Diable Vauvert. Je ne sais pas si je vais le lire tout de suite, mais à te lire, je devrais y retrouver a priori les ingrédients qui m'ont plu dans celui-là.

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  4. C'est amusant comme parfois on commence un livre en rechignant, sans être vraiment convaincu pour finalement l'apprécier. Et il arrive que ce soit l'inverse... Ne jamais rester sur sa position initiale, être capable de changer d'avis, et donc, pour cette raison, ne pas abandonner trop tôt un livre. J'aurais eu la même réserve que toi, je crois. Son titre Touriste me tente bien... quand je pourrai le trouver.

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    1. J'ai toujours beaucoup de scrupules à abandonner un livre en cours de route... et je ne crois pas que cela m'arrive plus d'une par an, et encore ! J'ai toujours espoir d'en tirer quelque chose de positif, qu'il ait quelque chose à sauver.
      Dans le cas présent, c'est vrai que si je m'étais écouté, j'aurais jeté l'éponge très tôt, trop tôt sans doute, avant d'avoir pu prendre la température générale du texte et ça aurait été dommage.

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  5. Ah moi j'adore Julien Blanc-Gras et son grand sens de la dérision mais je n'ai lu que ses récits de voyage pour l'instant. J'avais bien repéré ce titre-ci mais malgré tout le bien que je pense de l'auteur, j'avoue que ce livre en particulier ne me disait vraiment rien, je suppose pour les mêmes a priori que les tiens. Mais s'il a réussi à te convaincre alors que c'était mal parti, et qu'en plus il arrive à quand même glisser de l'humour dans tout ça, je le tenterai peut-être, mais sans urgence.

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    1. Non seulement il y met une touche d'humour et d'auto-dérision mais en plus, il sait aussi être sérieux, sans être rébarbatif ni moralisateur. Malgré sa thématique, c'est une lecture qui n'est pas du tout plombante, même si elle te force à t'interroger.

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  6. Rien de mieux qu'un livre dont on n'attend rien et qui se révèle intéressant !

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    1. C'est vrai que c'est bien plus agréable que le contraire 😉

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  7. C'est un auteur que je vois passer sur les blogs mais que je n'ai pas encore lu.
    A tord, visiblement.

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    1. Pourquoi serais-tu dans le tort ? Au mieux, tu ne t'en portes pas plus mal. Au pire, c'est dommage. Rien de plus. Ce qui nous amène vers un livre/un auteur est un processus tellement personnel, et dépend beaucoup des opportunités, des hasards...

      On pourrait éventuellement penser que tu as tort si tu avais eu le livre entre les mains et que tu l'aies écarté, refusant la rencontre. Et si je ne me trompe, ce n'est pas le cas ; alors tout va bien 😉

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  8. Réponses
    1. Tu as eu chaud : j'ai failli te tordre... le cou 😜😜😘

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  9. malgré ton changement d'avis en cours de lecture, je reste totalement imperméable à ce genre de récit .. voilà c'est dit. Mais je suis ravie de lire tes chroniques !! c'est déjà ça dans cette ambiance si particulière

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