Récap d'octobre 2021
Mick Ashworth - Pourquoi le Nord est-il en haut ?
Petite histoire des conventions cartographiques (Autrement, 2021)
Fabcaro - Moon River (6 Pieds Sous Terre, 2021)
Antoine Wauters - Mahmoud ou la montée des eaux (Verdier, 2021)
Masao Yamamoto & Marie-Hélène Lafon - Yamamoto Masao. Son album (Filigranes, 2021)
Larry Tremblay - Tableau final de l'amour (La Peuplade, 2021)
Laurent Mauvignier - Les motifs de Laurent Mauvignier.
Fabcaro - Moon River (6 Pieds Sous Terre, 2021)
Antoine Wauters - Mahmoud ou la montée des eaux (Verdier, 2021)
Masao Yamamoto & Marie-Hélène Lafon - Yamamoto Masao. Son album (Filigranes, 2021)
Larry Tremblay - Tableau final de l'amour (La Peuplade, 2021)
Laurent Mauvignier - Les motifs de Laurent Mauvignier.
Entretiens sur l’écriture avec Pascaline David (Diagonale, 2021)
Nicolas Diat - Ce qui manque à un clochard (Robert Laffont, 2021)
Drakja & Gery - Couleur d'asperge.
Nicolas Diat - Ce qui manque à un clochard (Robert Laffont, 2021)
Drakja & Gery - Couleur d'asperge.
Le jour où j'ai découvert que j'étais asperger (Glénat Vents d'Ouest, 2021)
Richard Powers - Sidérations (Actes Sud, 2021)
Richard Powers - Sidérations (Actes Sud, 2021)
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Pourquoi le Nord est-il en haut ? Un tour du monde, mais surtout un voyage dans le temps, passionnant (et très facile d’accès) sur l’histoire, depuis l’Antiquité, des cartes géographiques et les conventions qui les régissent (orientation, échelle, légende, ornements, usage des couleurs...).
Pas besoin d’être fan de géographie pour apprécier ce beau livre qui offre, en bonus, de magnifiques reproductions de cartes, du Moyen-Âge à aujourd’hui.
Avec Moon River, on retrouve Fabcaro tel qu’en lui-même : héraut de l’absurde et virtuose du running gag, côté scénario ; chantre de l’économie de moyens, côté dessin et mise en page. Bref, du Fabcaro tel qu’on l’aime (ou qu’on le déteste) avec ses « marques de fabrique » (qui récemment ont pu se faire ficelles trop voyantes et trop prévisibles).
Mais, c’est là tout le sel de ce nouvel opus hilarant dont je ne vous dirais rien, sinon que l’intrigue se passe dans l’univers hollywoodien des années 40/50, avec son lot de starlettes, de cowboys et de hardboiled détectives. Moon River, c’est du Fabcaro pur jus, mais version « enrichie », avec ce petit truc en plus quasi-indétectable qui en fait ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre.
J’ai découvert Antoine Wauters sur le tard (de sa jeune carrière... et de ma vie !) avec Pense aux pierres sous tes pas et chaque fois que je le lis est un enchantement. Mahmoud ou la montée des eaux n’a pas failli.
Sur le lac el-Assad, Mahmoud Elmachi plonge à la recherche des traces de son village englouti lors de la construction du barrage de Tabqa. Mais chaque plongée du « vieux fou », comme certains l’appellent, est aussi une immersion dans le temps, à la recherche de son passé ; des jours heureux, avec son épouse aujourd’hui disparue, tout comme ses fils et sa fille partis au combat, mais aussi le souvenir des périodes plus sombres, le temps des désillusions ou son incarcération dans les geôles de la dictature...
Bien qu'évoquant l'histoire récente de la Syrie, ce roman est une ode à toutes les victimes de guerres civiles, à tous les opprimés de régimes totalitaires, à tous les résistants épris de liberté où qu'ils se trouvent dans le monde.
Avec Moon River, on retrouve Fabcaro tel qu’en lui-même : héraut de l’absurde et virtuose du running gag, côté scénario ; chantre de l’économie de moyens, côté dessin et mise en page. Bref, du Fabcaro tel qu’on l’aime (ou qu’on le déteste) avec ses « marques de fabrique » (qui récemment ont pu se faire ficelles trop voyantes et trop prévisibles).
Mais, c’est là tout le sel de ce nouvel opus hilarant dont je ne vous dirais rien, sinon que l’intrigue se passe dans l’univers hollywoodien des années 40/50, avec son lot de starlettes, de cowboys et de hardboiled détectives. Moon River, c’est du Fabcaro pur jus, mais version « enrichie », avec ce petit truc en plus quasi-indétectable qui en fait ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre.
J’ai découvert Antoine Wauters sur le tard (de sa jeune carrière... et de ma vie !) avec Pense aux pierres sous tes pas et chaque fois que je le lis est un enchantement. Mahmoud ou la montée des eaux n’a pas failli.
Sur le lac el-Assad, Mahmoud Elmachi plonge à la recherche des traces de son village englouti lors de la construction du barrage de Tabqa. Mais chaque plongée du « vieux fou », comme certains l’appellent, est aussi une immersion dans le temps, à la recherche de son passé ; des jours heureux, avec son épouse aujourd’hui disparue, tout comme ses fils et sa fille partis au combat, mais aussi le souvenir des périodes plus sombres, le temps des désillusions ou son incarcération dans les geôles de la dictature...
Bien qu'évoquant l'histoire récente de la Syrie, ce roman est une ode à toutes les victimes de guerres civiles, à tous les opprimés de régimes totalitaires, à tous les résistants épris de liberté où qu'ils se trouvent dans le monde.
Au rayon Photographie était mis en avant un ouvrage récent consacré à Masao Yamamoto, artiste contemporain japonais dont j’admire le sens de la composition et l’atmosphère des clichés. Ce n’est qu’une fois à la maison, en ouvrant le livre, que j’ai découvert que Son album, travail de plusieurs séjours dans la campagne ardéchoise, était accompagné d’un long texte de Marie-Hélène Lafon. Comme une cerise juteuse et vernissée couronnant un savoureux gâteau.
Francis Bacon n’est pas mort. On le savait déjà ; il vibre dans toutes ses œuvres. Mais il habite aussi de toute sa violence de toute son urgence le roman de Larry Tremblay, Tableau final de l'amour, librement inspiré de la vie du peintre.
Francis Bacon n’est pas mort. On le savait déjà ; il vibre dans toutes ses œuvres. Mais il habite aussi de toute sa violence de toute son urgence le roman de Larry Tremblay, Tableau final de l'amour, librement inspiré de la vie du peintre.
Un texte déchirant et tragique sur la création, la passion (créative et destructrice), la beauté, la laideur. Sublime et incandescent.
Extraits
Extraits
Loin de l’exercice promotionnel auquel les auteurs nous habituent à chaque sortie de leur nouveau livre, en lisant ce grand entretien sur la littérature entre Laurent Mauvignier et Pascaline David, on a le sentiment d’assister à un véritable échange sur les raisons qui poussent un auteur à écrire, un dialogue éclairé sur la place de la littérature dans la vie.
Mauvignier y dévoile librement son rapport à l’écriture et à la littérature, évoque les auteurs de son panthéon personnel, précise ses intentions littéraires et partage son processus de création.
Indispensable pour les inconditionnels de l’auteur. Instructif, sans aucun doute, pour les autres.
C’est son personnage central haut en couleurs, Marcel Bascoulard, qui m’a mené vers Ce qui manque à un clochard, roman retraçant, à la première personne, la vie tragique de l’« artiste clochard » autodidacte, admirateur de Baudelaire, passé à la postérité grâce à ses dessins à l’encre de chine de la ville de Bourges... et de son goût pour les robes qu’il portait et dessinait lui-même.
J’ai aimé en apprendre plus sur cet homme préférant vivre en marge d’une société qui ne lui convenait pas. En revanche, après la lecture du très habité Tableau final d’un amour, ce roman m’a semblé trop académique et convenu.
Extraits
Extraits
Roman graphique inspiré du vécu du scénariste Drakja, Couleur d'asperge conte l’histoire de Lusun (soit « asperge » en chinois), petite fille qui se voudrait comme les autres mais qui prend peu à peu conscience de son comportement particulier jusqu’à ce que soit posé le diagnostic d’Asperger.
Insuffisamment fouillé et trop didactique à mon goût, mais probablement éclairant pour qui voudrait comprendre un peu mieux ce qu’est l’autisme Asperger au quotidien.
Richard Powers est un auteur intelligent ; sa lecture est exigeante. Deux qualités qui m’ont impressionné autant qu’elles m’ont ravi chaque fois que je m’y suis collé. En dépit de références à la neurologie ou à la cosmologie, cette fois-ci, Sidérations m’a semblé plus facilement accessible.
Il est pas joli joli le monde dans lequel évoluent les personnages de Powers : dérèglement climatique, catastrophes naturelles en rafale, extinction rapide de nombreuses espèces, épuisement de l’environnement naturel par l'exploitation humaine, tensions géopolitiques internationales, remise en question des sciences au profit des croyances religieuses... Le plus effrayant c’est qu’il ressemble quasi trait pour trait au nôtre.
Richard Powers est un auteur intelligent ; sa lecture est exigeante. Deux qualités qui m’ont impressionné autant qu’elles m’ont ravi chaque fois que je m’y suis collé. En dépit de références à la neurologie ou à la cosmologie, cette fois-ci, Sidérations m’a semblé plus facilement accessible.
Il est pas joli joli le monde dans lequel évoluent les personnages de Powers : dérèglement climatique, catastrophes naturelles en rafale, extinction rapide de nombreuses espèces, épuisement de l’environnement naturel par l'exploitation humaine, tensions géopolitiques internationales, remise en question des sciences au profit des croyances religieuses... Le plus effrayant c’est qu’il ressemble quasi trait pour trait au nôtre.
Plaidoyer pour une prise de conscience de l’urgence de se (re)connecter au monde vivant, Sidérations interroge le lecteur la place (insignifiante) de l'Homme dans l'univers, sur l’existence potentielle d’autres formes de vie ailleurs. Foncièrement pessimiste quant à l’état (désastreux) de la planète, cette histoire sombre brille pourtant de tout l’amour qui unit un père à son fils. Magnifique et bouleversant.
Un magnifique bilan!
RépondreSupprimerDe très belles lectures, pour la plupart, en tout cas 😊
SupprimerBeau bilan, ce ne sont pas de petites lectures faciles, dis donc ! (enfin, je ne m'attendais pas forcément à une succession de feel good books ici) ;-)
RépondreSupprimerPar "pas faciles", j'imagine que tu fais référence aux thématiques plus qu'aux styles car, franchement, ce ne sont pas des lectures particulièrement exigeantes (même le Powers est cette fois-ci très abordable).
SupprimerAprès, comme tu me connais bien après toutes ces années, c'est clair que le monde des Bisounours n'est pas vraiment ma tasse de thé 😛. Mais malgré leurs sujets a priori sombres, ce sont des romans (Wauters, Tremblay, Powers) lumineux, car profondément humains, et formidablement écrits, ce qui rajoute à leur beauté.
Super bilan éclectique et bien documenté. Je suis très tentée par le Mauvignier-David, le Fabcaro (même si chez moi, c'est couci-couça : parfois j'aime, parfois cela me laisse complètement indifférente), le Wauters , le Yamamoto-Lafon et le Elmachi. J'ai l'impression que le lien vers les extraits du manuel de Mauvignier ne fonctionne pas et c'est le seul de la liste. Merci en tout cas pour ces chroniques instructives et les extraits.
RépondreSupprimerDis donc, ça fait beaucoup de tentations, tout ça ! 😄 Je dois avouer que ça me réjouit. J'espère que si tu les concrétises, tu seras aussi emballée que moi.
SupprimerMerci de m'avoir averti pour le bug. Le lien vers les citations issues des entretiens Mauvignier/David est réparé.
La variété de ton bilan est délicieuse. Je note avidement Pourquoi le Nord est-il en haut, que je découvre grâce à toi. Tableau final de l'amour, j'y viendrai, c'est certain, il me tentait, tu as été très convaincant. Pour Sidérations, j'avoue que j'hésite, parce que le pessimisme, en ce moment... je préfère voyager ;)
RépondreSupprimerEn fait, si jamais ça peut éclairer ton avis, plutôt que "pessimiste", "réaliste" ou "lucide" auraient été plus justes pour qualifier Sidérations. Powers ne noircit pas le tableau ; il se contente de le dépeindre tel qu'il est (pas vraiment croquignolet, tu le reconnaîtras). Et il te fera voyager au fin fond de l'univers, parmi toutes les galaxies visibles et invisibles 😉
SupprimerTu es donc enthousiaste toi aussi sur le Larry Tremblay :)
RépondreSupprimerCa m'arrive aussi d'avoir une lecture un peu parasitée par la précédente, en bien ou en mal d'ailleurs. Je viens de terminer un Henry James et je lis deux romans en parallèle, il y en a un qui brille nettement plus que l'autre (qui est pourtant très sympathique).
Je trouve que, non seulement Larry Tremblay a écrit un roman brûlant d'un feu intérieur intense mais en plus, il "connait" si bien Bacon, qu'on jurerait que ces mots sont les siens. Une vraie réussite.
SupprimerC'est vrai que Ce qui manque à un clochard a pâti d'être arrivé tout juste après (ou presque) le L. Tremblay. N'empêche que, tout comme Bacon, Bascoulard avait probablement une personnalité excessive et ce bouillonnement intérieur ne transparait pas dans ce texte (rédigé à la première personne, tout comme le Tremblay).
Un bilan riche et éclectique! J'ai noté le Laurent Mauvignier, dont les extraits m'ont mis l'eau à la bouche.
RépondreSupprimerQuiconque intéressé par le "travail" d'écriture trouvera son bonheur dans les entretiens Mauvignier/David. Je ne doute pas que cela fasse ton affaire 🙂
SupprimerMoon river fut mon premier "Fabcaro". C'est bien barré ce truc. Je n'ai pas arrêté de glousser.
RépondreSupprimerJe ne sais pas ce qu'il en sera pour toi, mais moi, dès que j'ai goûté à Fabcaro (bien que très tardivement), je n'ai plus eu qu'une envie : rattraper tout mon retard pour continuer à me régaler. Les différents crus ne sont pas tous des millésimes mais ça reste de la bonne camelote.
SupprimerCe ne sera pas mon dernier. Et ça fera plaisir à ma collègue bibliothécaire qui me les conseille depuis bien trop longtemps 😊
Supprimer🤗🤗🤗
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